Campagne d'affichage sauvage à Paris : Greenpeace dénonce les « beaux discours » de Nicolas Sarkozy sur le climat et les forêts
Copenhague, le 16 décembre 2009 – La nuit dernière, des militants de Greenpeace ont recouvert les murs de la capitale d’affiches chocs sur la question de la protection des forêts, sujet crucial à Copenhague. Cette campagne parodie une publicité anti-tabac. Elle dénonce la déforestation, responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, et le danger pesant sur les populations et la biodiversité.
Greenpeace veut ainsi interpeller le Président Nicolas Sarkozy qui reçoit aujourd’hui plusieurs dirigeants de pays forestiers du bassin du Congo, deuxième « poumon vert » de la planète après l’Amazonie.
Greenpeace demande qu’à l’issue de cette réunion, la France précise le chiffre qu’elle compte défendre concernant les financements que les pays industrialisés doivent débloquer pour mettre un terme a la déforestation tropicale d’ici 2020. Ils doivent aussi préciser le montant de leur participation à cette enveloppe globale.
La position française : gesticulation médiatique et faiblesse des engagements
Dans sa volonté de s’afficher comme un leader de la lutte contre les changements climatiques, le Président français multiplie les rencontres et les déclarations, notamment sur les enjeux liés aux forêts. Concernant le soutien financier à fournir aux pays en développement, la France vient de chiffrer un engagement à court terme, sur les trois prochaines années. C’est nécessaire mais complètement insuffisant.
« Nicolas Sarkozy fait de beaux discours, mais le compte n’y est pas, explique Jérôme Frignet. À Copenhague, le véritable enjeu consiste à s’engager sur l’après-2012. Pour atteindre zéro déforestation en 2020, 30 milliards d’euros par an sont nécessaires. »
L’Union européenne incapable de réglementer le commerce du bois
Les beaux discours des politiques européens et français se heurtent à la réalité de leurs actes. Hier, après des mois de discussions, les gouvernements européens à travers leurs ministres de l’agriculture, ont adopté en première lecture un projet de réglementation européenne sur le bois, sensé lutter contre le commerce de produits bois illégaux, moteur majeur de la déforestation tropicale.
« Le texte adopté est si faible, qu’il ne changera rien au commerce de bois illégal en Europe : La décision prise hier à Bruxelles montre qu’il y a deux poids, deux mesures : d’un coté, des discours incantatoires, et de l’autre, l’incapacité pour l’Europe et la France de se doter d’une loi solide pour bannir le bois illégal, coupé dans le mépris des lois locales au Brésil, en Indonésie et en Afrique centrale », explique Grégoire Lejonc.
Les forêts ne se réduisent pas uniquement à des matières premières
Les financements accordés doivent être proportionnés aux enjeux. Mais ils ne doivent pas être un chèque en blanc accordé à des régimes à la gouvernance parfois défaillante. De nombreux groupes privés (industrie forestière, agro-industrie, etc.) guettent déjà la manne financière que représentera l’aide à la lutte contre la déforestation pour la détourner en aide à la « destruction durable » des forêts.
« Tout accord et tout financement décidés à Copenhague doivent aussi prendre en compte l’importance pour la biodiversité mondiale de nos forêts et le respect des droits des populations locales et autochtones. Les forêts ne doivent pas être des valeurs marchandes que l’on s’échange sur les marchés carbone internationaux », déclare René N’Gongo, conseiller politique de Greenpeace Afrique de passage à Paris, qui vient de recevoir le prix Nobel alternatif (Right Livelihood Award) pour 18 années de militantisme pour la protection des forêts congolaises.