Audit des installations nucléaires: l’ASN se voile la face

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Paris, 9 mai 2011 – Ce matin, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN) a présenté le cahier des charges de l’audit de sûreté des installations nucléaires qui sera mis en œuvre à partir du 30 juin 2011. Malgré certaines avancées, le cahier des charges exclut tout un pan de la réalité : les risques d’accidents ou les risques d’origine humaine comme une explosion chimique, un crash d’avion, ou un acte de malveillance, ne sont pas pris compte.

« L’ASN s’est mis des œillères : alors qu’elle décide de faire fi des actes de malveillance, le directeur du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, affirmait la semaine dernière dans la presse que la France est la deuxième cible des terroristes d’Al Qaida » précise Sophia Majnoni. « Et c’est une cible de choix, avec ses 19 centrales dont au moins trois sont proches d’usines classées seveso seuil haut (Tricastin, Graveline, Le Bugey), qui comprennent donc des risques d’explosion chimique graves. »

La France nie tout un pan de la réalité !

Alors que le gouvernement répète à l’envi que le niveau maximum de sûreté sera recherché, l’ASN se cantonne au cadre minimal fixé par l’Union Européenne : l’analyse des conséquences de phénomènes naturels extrêmes (séismes, inondations…). Allemagne, elle, analysera les risques appelés « d’accidents majeurs externes » à la centrale, comme une explosion chimique ou une chute d’avion, et les risques d’origine humaine comme les actes de malveillance. Tout un pan de la réalité est ainsi nié par l’autorité française.

« On ne peut donc qu’être partiellement satisfaits de l’évolution de l’audit. » explique Sophia Majnoni D’Intignano, en charge du nucléaire à Greenpeace France. « Certes, l’ASN a inclus les facteurs humain et organisationnel, notamment le problème de la sous-traitance, dans le cahier des charges. Mais tout comme elle a attendu le séisme japonais pour étudier les conséquences des événements naturels sur les centrales, attendra-t-elle un crash aérien sur un réacteur pour étudier cet aspect du problème ? »

Mais à quoi joue donc l’ASN ?

Pourquoi alors nier la réalité ? Parce que l’ASN sait très bien qu’aucun réacteur n’est conçu pour résister, par exemple, à un crash d’avion…Et que le résultat serait donc désastreux pour l’industrie nucléaire ! L’ASN est pourtant une institution indépendante, qui devrait se prononcer en toute impartialité. Greenpeace demande à ce que, a minima, l’ASN inscrive dans le cahier des charges de l’audit que d’autres risques extérieurs existent, et qu’il ne seront pas étudiés car les conséquences mettraient assurément hors jeu les centrales auditées.

« N’oublions pas que 2/3 des Français vivent dans un rayon de 75km autour d’une centrale. » rappelle Sophia Majnoni. « L’ASN, autorité qui se réclame de l’indépendance, se doit d’être transparente pour rester crédible auprès d’eux. »

Le nucléaire sûr n’existe pas, mais des solutions pour l’énergie sont crédibles !

Les solutions existent pourtant, pour sortir du nucléaire et vivre dans un monde propre et sûr, comme le souligne le rapport du GIEC sur les énergies renouvelables sorti aujourd’hui : elles ont le potentiel pour remplacer les sources conventionnelles d’énergie à l’horizon 2050, avec les technologies aujourd’hui disponibles. La limite est uniquement politique !