Arctique : deux navires de Greenpeace tentent de s'opposer au projet de forage pétrolier le plus controversé au monde
Paris, 24 mai 2011 – Deux bateaux de Greenpeace -l’Esperanza et l’Arctic Sunrise- poursuivent actuellement une plateforme de forage pétrolier géante, escortée par des commandos de la marine danoise, censés protéger une opération de forage pétrolier exploratoire profond prévu prochainement dans les eaux gelées de la baie de Baffin au Groenland.
Greenpeace mène campagne depuis des semaines pour empêcher les projets de la plateforme géante Leiv Eiriksson (53 000 tonnes), la première plateforme qui doive débuter un forage pétrolier exploratoire très profond à l’ouest du Groenland cet été. Les deux bateaux de Greenpeace suivent la plateforme et son escorte – un navire de guerre Thetis-class de l’OTAN- depuis la nuit dernière à 300 kilomètres à l’ouest du Groenland.
Une marée noire dans cette région serait catastrophique et incontrôlable
Dans le même temps, Greenpeace publie ce jour des documents britanniques confidentiels, montrant que le gouvernement anglais estime qu’une marée noire dans cette région de l’arctique serait totalement incontrôlable. Ces documents font état des inquiétudes des autorités britanniques quant à l’impact d’une marée noire.
Anne Valette, chargée de campagne Energie pour Greenpeace France, explique : « Les risques encourus en cas de marée noire dans cette région arctique sont immenses en comparaison à ceux du Golfe du Mexique. Toute opération de nettoyage serait impossible et ce n’est pas seulement Greenpeace qui le dit, c’est ce que le gouvernement britannique dit lui-même. Les opérations de Cairn Energy sont extrêmement risquées. Elles devraient être abandonnées et cette plateforme devrait quitter la région tout de suite. »
Dans un échange de mail, des officiels du gouvernement expliquent au Secrétaire à l’Energie Britannique Chris Huhne : « il serait extrêmement difficile d’obtenir de l’assistance dans une telle région en cas de problème de pollution… ». Un autre document explique : « Il reste de nombreux défis et le plus important est environnemental – avec la possibilité d’un second « Golfe du Mexique »… l’écosystème de l’Arctique est très vulnérable et une réponse d’urgence serait beaucoup plus lente et difficile que dans le Golfe du Mexique, ceci à cause de l’isolement de cette région et de la difficulté d’opérer dans des zones aux températures en dessous de zéro. »
Même sans accident grave, la société prospectrice Cairn admet que ces opérations d’exploration vont au moins entraîner une fuite de 9000 tonnes de produits chimiques relâchés directement dans les eaux du Détroit de Davis, autant de produits chimiques que l’ensemble des opérations de forage de la Norvège ou du Danemark réunies.
La zone que Cairn entend forer est plus connue sous le nom de « vallée des icebergs ». La compagnie écossaise devrait utiliser des canons à eau géants pour repousser les icebergs et leur éviter une collision avec la plateforme. Si les icebergs sont trop larges, la compagnie a promis de déplacer la plateforme elle-même. L’an passé, une île de glace de 260 kilomètres carré a brisé le glacier Petermann au nord de la vallée des Icebergs. Cette région est aussi connue pour ces populations de baleines bleues, d’ours polaire, de phoques et d’oiseaux migratoires.
Nous sommes à la croisée des chemins. Le pétrole, comme le nucléaire, sont des énergies du passé. Les gouvernements devraient enfin choisir et investir dans les énergies propres et renouvelables.
En savoir plus :
http://www.greenpeace.org/international/en/publications/reports/UK-Government-Documents-on-Arctic-Drilling/