Ampoules à incandescence : à quand l’interdiction ?

Climat

En lieu et place de l’interdiction des ampoules à incandescences en 2010, mesure emblématique adoptée au Grenelle de l’environnement il y a un an presque jour pour jour, Jean-Louis Borloo a annoncé jeudi 23 octobre 2008 un accord volontaire avec les grandes enseignes de la distribution de retrait progressif des ampoules à incandescence du marché de l’éclairage. Pour Greenpeace, si l’intention est louable, le gouvernement recule encore et cette initiative s’inscrit en deçà des engagements du Grenelle.

« Le gouvernement français avait la possibilité d’envoyer un signal fort aux producteurs d’ampoules comme à ses voisions européens, en interdisant tout bonnement la vente de produits qui gaspillent 95 % de l’énergie qu’ils consomment, déplore Karine Gavand, chargée de campagne climat à Greenpeace. Au lieu de cela, il a négocié un accord fondé sur le volontariat, principe qui a depuis belle lurette fait preuve de son inefficacité ! La France saura-t-elle se rattraper le 8 décembre à Bruxelles, lorsque l’Union européenne sera amenée à prendre position sur l’interdiction des ampoules à incandescence ? »

Pas de contrainte = pas de résultat
Même les experts du Giec le disent : « la majorité des accords volontaires entre les industriels et les gouvernements n’a pas conduit à des réductions significatives des émissions ». À l’inverse, selon eux, « des réglementations et des normes fournissent une certaine certitude sur les niveaux d’émission » (rapport 2007). Exemple frappant de l’insuffisance des accords volontaires dans le secteur de l’automobile : en 1998, afin d’échapper à une réglementation contraignante, les constructeurs ont proposé à la Commission européenne un accord volontaire dans lequel ils s’engageaient à produire des véhicules qui émettraient en moyenne 140 g CO2/km en 2008. Résultat : échec total. En 2007, ce niveau d’émission atteignait encore 158 g de CO2/km.

Un accord qui n’implique pas les producteurs !
Le gouvernement français se montre aujourd’hui incapable d’imposer des contraintes aux principaux acteurs du marché, à savoir les producteurs d’ampoules tels que Osram, Philips ou General Electrics. Or ce sont précisément ces industriels qui, au niveau européen, font tout pour éviter une réglementation ambitieuse.
À Bruxelles, c’est la bataille des calendriers. La Commission européenne en propose deux : une échéance de retrait des ampoules à incandescence à 2019, soutenue par les industriels de l’éclairage, et une autre échéance à 2015. Pour Greenpeace, 2010 est la seule échéance à la hauteur de défi climatique et totalement tenable pour l’industrie. Quelle position la France va-t-elle défendre le 8 décembre, date présumée du vote des États membres de l’UE sur les ampoules ? « Peut-on faire confiance au gouvernement français sur les ampoules quand, concernant les voitures, il soutient à Paris un objectif de 120g de CO2/km en 2012 dans la loi Grenelle et propose, au même moment, à Bruxelles, un accord à 161 g de CO2/km ? », s’interroge Karine Gavand.

Que demande Greenpeace ? La France doit imposer l’efficacité énergétique !
Qu’on parle de voitures, de frigo ou d’ampoules, les responsables politiques doivent obliger les industriels à mettre sur le marché des produits plus efficaces et moins gourmands en énergie. Voilà qui répondrait tout à la fois à la crise climatique, aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la facture énergétique des États, et aux enjeux de sécurité et d’indépendance énergétique. « La France, présidente de l’UE, doit se montrer ambitieuse dans les négociations sectorielles, et imposer son calendrier au reste de l’Europe. Elle doit aussi été surtout proposer à l’Union européenne de rendre contraignant l’objectif européen de réaliser 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020, affirme Karine Gavand. Cette mesure reste le parent pauvre du paquet climat énergie alors qu’elle devrait être la clef de voûte de la politique énergétique européenne à venir. »

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