Amazonie : les géants de l'élevage brésilien s'unissent contre la déforestation

Forêts

Paris, Sao Paulo, le lundi 5 octobre 2009 : aujourd’hui, quatre des plus importants acteurs du secteur mondial de l’industrie de l’élevage – JBS-Friboi, Bertin, Minerva et Marfrig[1] – ont unis leurs forces et s’engagent à bannir de leurs approvisionnements les produits provenant d’élevages établis sur des forêts dévastées de l’Amazonie brésilienne. Ceci fait écho à l’appel pour « Zéro déforestation » lancé par Greenpeace.

Ce changement et cet engagement massif font suite à la publication par Greenpeace du rapport « le massacre de l’Amazonie » en juin, qui exposait clairement les liens entre la destruction de la forêt amazonienne et l’expansion foudroyante de l’élevage dans la région. Le rapport – fruit de trois années d’enquête – mettait à jour les filières opaques de l’élevage brésilien, cuir ou viande. Il pointait du doigt de grandes compagnies internationales, comme Adidas, Nike, Timberland, mais aussi les français Carrefour, Casino, clients et complices indirectes de la déforestation. Ces groupes se sont pour la plupart engagés cet été à annuler leurs contrats avec des fournisseurs qui ne pourraient pas leur garantir que leurs productions ne sont pas responsables de la destruction de la forêt amazonienne.

Cette annonce a eu lieu lors d’un évènement organisé par Greenpeace à Sao Paulo. Ces compagnies ce sont engagées à adopter de nouvelles normes sociales et environnementales pour s’assurer que leurs produits ne sont pas issus de l’expansion de l’élevage sur la forêt amazonienne. L’association brésilienne des supermarchés (ABRAS), incluant les groupes Carrefour et Walmart, étaient présents et soutiennent l’appel à Zéro-déforestation.

Les mesures auxquelles s’engagent les compagnies incluent un suivi de leurs chaines d’approvisionnement et des objectifs clairs pour mesurer la fin de l’achat de produits de l’élevage provenant de zones protégées, abritant des populations autochtones et pratiquant l’esclavage.
« C’est une étape très importante dans le combat pour stopper la destruction d’une des plus importantes forêts tropicales de la planète, et un pas pour stopper les changements climatiques, dont la déforestation représente 20% », explique Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France, de retour du Brésil.

Le secteur de l’élevage brésilien, qui occupe aujourd’hui 80% des zones de déforestation en Amazonie, est de fait le premier émetteur de gaz à effet de serre du Brésil.

Le gouverneur de l’Etat du Mato Grosso, Blairo Maggi, assistait à cet évènement. Cet Etat a le plus fort taux de déforestation en Amazonie et le plus important cheptel du Brésil. Le gouverneur a lui aussi annoncé que son Etat soutiendrait fortement les efforts pour protéger l’Amazonie et fournirait des images satellites de haute résolution pour assurer un vrai suivi de l’évolution de la déforestation.

« Cette annonce montre que l’industrie de l’élevage et le gouvernement du Mato Grosso commencent à prendre leurs responsabilités avec des engagements concrets et mesurables. Greenpeace restera vigilante quand à leur respect. Le gouvernement brésilien et la communauté internationale doivent maintenant s’engager à atteindre « Zéro déforestation » d’ici 2015, car éradiquer la déforestation est indispensable pour enrayer la crise climatique » poursuit Grégoire Lejonc.

En septembre, lors de l’Assemblée Général des Nations unies, le Président brésilien Lula annonçait un objectif de réduction de la déforestation de 80% d’ici 2020 pour le Brésil.

Dans 10 semaines, les gouvernements du monde entier vont se rencontrer à Copenhague pour tenter de trouver un accord fort pour éviter la catastrophe climatique. La déforestation est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, plus que tous les trains, les avions et les voitures réunis. Un bon accord climatique ne sera efficace que s’il s’attaque à la fois à réduire les émissions de gaz à effet de serre issues des énergies fossiles et à celles issues de la déforestation.