Amazonie : le lion se réveille

Forêts

Sao Paulo, le 6 mars 2008. Alors que le gouvernement brésilien vient d’annoncer sa volonté de durcissement des sanctions contre les déboisements illégaux en Amazonie, Greenpeace explique aujourd’hui dans un nouveau rapport « le Réveil du Lion » pourquoi le plan de gouvernement Lula a jusqu’alors échoué à enrayer la deforestation. Celle-ci s’est en effet gravement accrue ces derniers mois malgré les mesures de contrôle mises en place depuis trois ans. Pour Greenpeace, le gouvernement brésilien doit faire preuve d’une bien meilleure coordination et d’une plus grande volonté politique s’il veut sauver de la destruction annoncée la plus grande forêt tropicale de la planète.

Sur les 162 mesures prévues par le plan du gouvernement en 2004, plus de 60% n’ont pas été mises en oeuvre. Pour Greenpeace, un extraordinaire manque de coordination de la part de l’administration présidentielle est à deplorer. Celle-ci est pourtant essentielle. En effet, pas moins de 13 ministres sont responsables de la lutte contre la déforestation en Amazonie.
Ainsi, si le taux de deforestation a baissé significativement ces trois dernières années, permettant au gouvernement brésilien de crier victoire, Greenpeace rappelle que cette baisse était bien plutôt imputable aux fluctuations des prix du soja et du bétail. La hausse récente du prix des matières premières a ainsi relancé à la hausse la pression foncière et donc la deforestation. En quelques mois, d’août à décembre 2007, plus de 7000 km2 ont été rasés. « Une faible coordination du gouvernement, ainsi qu’une mise en oeuvre très partielle des mesures promises ont fait de la forêt une proie très sensible aux evolutions du marché » precise Marcelo Marquesini, de Greenpeace Brésil.

Pour Greenpeace, seuls des objectifs clairs et concrets pour mesurer l’évolution de la deforestation permettront aux gouvernements locaux, des états et au gouvernement fédéral de pouvoir ajuster leurs actions en fonction des resultats. « Afin que ces efforts soient efficaces, il faut également rendre effectif le décret presidentiel établissant que les propriétaires terriens en Amazonie ne peuvent déboiser plus de 20% de la superficie totale de leurs propriétés, déclare Paulo Adario, coordinateur de la campagne pour Greenpeace Amazone. Cette decision doit être approuvée par le Parlement pour être véritablement mise en oeuvre ! »

L’élaboration d’un cadastre précis de toutes les propriétés foncières en Amazonie doit par ailleurs être une priorité. Sans ce cadastre, il est impossible de savoir si la loi est respecté par les propriétaires. « Les propriétaires ne s’inscrivent pas au cadastre pour échapper aux contrôles environnementaux. Il est impossible d’avoir des politiques publiques environnementales sans ce cadastre » estime Paulo Adario.

Les mesures publiées dans le Journal officiel de l’Union brésilienne mercredi 5 mars prévoient la saisie automatique des terres récemment déboisées et doublent le montant des amendes. Elles vont dans le bon sens, mais ne seront efficacces que si le gouvernement a enfin la volonté ferme de les faire appliquer.

Résumé du rapport « The lion wakes up » (anglais)