Climat

Émissions de CO2 des voitures neuves : l’industrie automobile peut mieux faire !

En plein débat au Parlement européen sur la contribution du secteur automobile à la lutte contre les changements climatiques, la fédération européenne Transport & Environnement (T&E) vient de publier une étude accusant les constructeurs de ne pas réduire assez vite leurs émissions de CO2 pour tenir les objectifs visés par l’UE. T&E, qui rassemble une cinquantaine d’organisations militant pour des transports respectueux de l’environnement, a compilé les données 2007 des fabricants de 18 pays de l’UE (les 15 plus anciens + la Hongrie, la Lituanie et la Slovénie). D’après cette étude, les véhicules vendus l’an dernier en Europe émettaient encore en moyenne 158 grammes de CO2 par kilomètre, contre 160 en 2006. Pour l’année 2007, avec 141 g de CO2/km, le groupe PSA prend la tête du classement, et Renault décroche la troisième place (146 g/km ; 13 %), après l’italien Fiat. Quant aux constructeurs allemands, ils arrivent en fin de course : BMW affiche 170 g/km, et Daimler, 181 g de CO2/km. Ils auront néanmoins tous de gros efforts à faire pour respecter les nouveaux standards en discussion aujourd’hui au sein de l’Union européenne.

« Globalement, ces scores restent extrêmement insuffisant, dénonce Anne Valette, de Greenpeace France. Rappelons qu’en 1998 les constructeurs automobiles se sont engagés à produire des voitures émettant en moyenne 140 g de CO2/km en dix ans… Non seulement ils ne respectent pas leurs propres engagements, mais en plus ils font un lobbying de tous les diables pour saboter les négociations en cours sur la future réglementation que l’UE devrait adopter cet automne. »

Bruxelles a proposé en décembre de limiter les émissions des voitures neuves à 120 grammes de CO2 en moyenne par kilomètre, à partir de 2012 et sous peine de sanctions financières. Sous la pression du lobby automobile, ce louable objectif a été vite revu à la baisse. Aujourd’hui, ce projet de règlementation prévoit une moyenne globale de 130g/km d’ici à 2012 et un système de pénalités assoupli. Autre problème : le texte pourrait autoriser davantage d’émissions pour les véhicules plus lourds, une méthode potentiellement contre-productive. En effet, un tel dispositif « punit la réduction du poids » des véhicules qui est pourtant un des meilleurs moyens de réduire la consommation de carburant et donc les émissions de CO2, critique ainsi Transport & Environnement.

« Si l’Union européenne retient des objectifs autant revus à la baisse, elle ne sera pas en mesure de respecter les objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’est fixés dans le cadre du protocole de Kyoto ! », dénonce Anne Valette.

À l’heure où le climat risque d’être bradé pour le seul profit des intérêts à court terme de quelques constructeurs automobiles, les parlementaires européens, garants de l’intérêt général, vont devoir se positionner sur ce texte dès la rentrée. Ils ont un rôle essentiel à jouer. Face à la menace climatique, Greenpeace appelle les États membres de l’UE et les eurodéputés à passer à la vitesse supérieure ! Pour être à la hauteur du défi climatique, la réglementation européenne doit notamment :
– fixer la limite moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d’ici à 2012, et à 80 g/km d’ici à 2020 ;
– mettre en place des pénalités immédiatement dissuasives (150 € pour chaque gramme de CO2/km supplémentaire, pour chaque véhicule vendu), seule garantie que les constructeurs respecteront les nouvelles normes.