Un train chargé de déchets nucléaires est parti jeudi 3 décembre de Pierrelatte (dans la Drôme) et a traversé la France. Les containers devraient être chargés à bord du navire russe Kapitan Lus, attendu de façon imminente à Cherbourg. L’exportation de déchets nucléaires français, interrompue depuis le mois d’octobre, semble donc sur le point de devoir reprendre. Pour une raison simple : Areva ne sait plus quoi faire de ses déchets nucléaires dont les stocks débordent à Pierrelatte. Mais Greenpeace refuse que ce trafic reprenne.
Pour bien comprendre les enjeux de ce transport, il faut le replacer dans le contexte d’une série d’incidents, de révélations et de rapports officiels qui a montré depuis le début le mois d’octobre l’opacité dans laquelle travaille le lobby nucléaire français et le manque de sécurité de la filière.
Quel est ce contexte ?
Début octobre, il est devenu de notoriété publique que la France exportait des déchets nucléaires vers la Russie, sans se soucier de leur devenir. Contrairement à ce que prétendait Areva, ces déchets n’y sont ni transformés, ni réutilisés. Ils sont presque systématiquement laissés sur place, abandonnés.
Quelques jours plus tard, nouveau scandale. Plusieurs dizaines de kilos de plutonium ont été » oubliés » sur le site nucléaire de Cadarache (dans le sud de la France).
Face à ces révélations, le ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, saisit le » Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire « . Il lui demande un inventaire global des matières et déchets produits au cours du cycle du combustible nucléaire. Les conclusions sont attendues pour janvier.
Dans le même temps, un moratoire est respecté de fait sur les exportations de déchets nucléaires français vers la Russie. Depuis la mi-octobre, aucun navire chargé de ces déchets n’a en effet quitté la France pour la Russie. Les 5 000 signatures que nous avons collectées en faveur de ce moratoire ne sont peut-être pas étrangères à cet arrêt du trafic. Tout comme la présence de nos navires au Havre et à Cherbourg !
Le navire russe Kapitan Mironov à Cherbourg © Pierre Gleizes / Greenpeace
Mais Areva ne sait pas quoi faire de ses déchets …
Le mouvement de train repéré jeudi 3 décembre semble montrer qu’Areva a bien du mal à attendre la fin des enquêtes commanditées par Jean-Louis Borloo. Les industriels du nucléaire tentent manifestement de reprendre leur trafic, en jouant à cache-cache avec Greenpeace. Encore une fois, nous sommes contraints d’intervenir. Greenpeace est donc à Cherbourg pour bloquer tout trafic de déchets nucléaires. Il n’est pas question que le navire Kapitan Lus livre en Russie une cargaison de déchets nucléaires français. Ce trafic doit impérativement cesser, au moins le temps qu’aboutissent les enquêtes.
Au-delà de ces événéments, un débat national sur le nucléaire doit enfin avoir lieu en France. Les autorités l’ont toujours refusé, mais notre pays a le droit de savoir comment la filière nucléaire fonctionne. A fortiori quand les preuves de son irresponsabilité s’accumulent.
En savoir plus et signer le moratoire sur l’exportation de déchets nucléaires