Pas de contrainte. Aucun objectif à 2020 ni à 2050. Pas de calendrier ni de mandat pour la signature d’un traité l’an prochain. Difficile d’imaginer pire conclusion pour Copenhague que la déclaration présentée par Barack Obama et Nicolas Sarkozy en clôture du sommet. Cette déclaration ne vaut pas plus que la feuille de papier sur laquelle elle est écrit.
Pire, les quelques engagements chiffrés ne nous permettront pas de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C. On s’oriente plutôt vers plus de 3°C , donc vers un chaos inimaginable. Copenhague est une régression par rapport au protocole de Kyoto.
L’Europe n’a jamais joué le rôle de leader qu’elle s’était arrogée. Elle a été incapable de parler d’une seule voix. En témoignent les initiatives aventureuses et personnelles de Nicolas Sarkozy. Elle a refusé d’augmenter son objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de chiffrer son soutien aux pays en développement après 2012.
De son côté, Barack Obama a terriblement déçu en s’inscrivant dans la droite ligne de George W. Bush, son prédécesseur à la Maison Blanche. Quant à la Chine, si elle n’a pas facilité les négociations, il faut admettre qu’elle n’a pas à assumer comme les pays riches la responsabilité historique de la situation de crise climatique actuelle. C’était à l’Europe et aux Etats-Unis de faire des propositions ambitieuses pour débloquer la situation. Rappelons qu’un Chinois n’émet que 4 tonnes de gaz à effet de serre par an, là où un Européen en rejette 10 et un Américain 20 !
Les dirigeants des pays riches ont cru être au G8, en annonçant la conclusion de l’accord puis en rentrant chez eux la tête basse. Ils ont juste oublié -fait significatif- que ce sont 190 pays du Nord comme du Sud qui doivent ratifier ce texte désormais. Face à ce désastre, Greenpeace condamne fermement l’arrogance des pays les plus puissants qui ont présenté un accord « à prendre ou à laisser ».
La seule touche d’optimisme au lendemain de ce fiasco, c’est la mobilisation de millions de personnes, au Nord comme au Sud, tous conscients de l’urgence climatique et réclamant plus d’équité ! Copenhague a soulevé d’immenses espoirs et réuni des millions de gens, partout dans le monde. Cette conférence est un échec retentissant, mais elle a ouvert la porte à un débat mondial sur la nécessité d’agir pour sauver la planète. C’est une première.
La prochaine étape, c’est Mexico fin 2010. Rien n’est terminé, les citoyens du monde entier ont exigé un réel accord avant que le sommet ne commence. Ils continuent de le demander.
Nous ne pouvons changer la science, alors changeons de politique ! Et si nous ne pouvons changer de politique, alors changeons d’hommes politiques !