Aujourd’hui, les compagnies pétrolières tentent désespérément de repousser des limites auparavant considérées comme infranchissables, trop risquées ou non rentables. Cette expansion effrénée touche désormais l’Arctique, où la fonte des glaces causée par les changements climatiques ouvre la voie à de vastes régions jusque-là préservées.
Voici, à l’usage des pétroliers une petite fiche pratique, des 10 bonnes raisons pour ne pas forer en Arctique !
1. C’est extrêmement risqué. Le climat polaire est l’un des plus rudes au monde, entreprendre quelque chose là-bas est infiniment plus compliqué qu’ailleurs.
2. Notre climat ne peut pas se le permettre. Les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus visibles … Et forer pour brûler plus d’énergie fossiles est la dernière chose que nous devrions faire, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de le faire dans une zone fragile et intacte comme l’Arctique.
3. En Arctique, les puits de secours sont plus difficiles à forer. En cas d’accident, d’explosion – comme sur la plateforme Deepwater Horizon – un puits de secours doit être foré, mais l’arrivée de la glace hivernale pourrait empêcher ce type d’opération …
4. La récupération du pétrole est presque impossible dans la glace. Les techniques standards en cas de déversement deviennent inutiles dans la glace épaisse. Selon un haut responsable d’une entreprise canadienne spécialisée, en cas de déversement de pétrole, « il n’y a vraiment pas de solution, de méthode aujourd’hui. »
5. Il n’y a pas de capacité d’intervention en cas de déversement. L’Arctique est extrêmement isolée géographiquement – une petite population, et peu d’équipements disponibles. Environ 6.000 navires ont été utilisés lors de la catastrophe de Deepwater Horizon. Cairn Energy avait seulement 14 bateaux disponibles dans la baie de Baffin au Groenland ; Shell en prévoit seulement neuf dans son plan d’intervention en cas de déversement dans la mer des Tchouktches.
6. L’environnement est encore moins capable de faire face à un déversement d’hydrocarbure qu’ailleurs. En effet, le manque de soleil en hiver et le froid signifient que le pétrole va prendre plus de temps à se décomposer. L’huile restera bloquée sous la glace en mer. Plus de 20 ans après la catastrophe de l’Exxon Valdez en Alaska, du pétrole peut encore être trouvé dans l’environnement de la baie du Prince William.
7. La faune locale est particulièrement vulnérable. De nombreuses espèces d’oiseaux migrent vers l’Arctique en été, ainsi que les baleines et les phoques. Les ours polaires et les renards arctiques, qui dépendent fortement des ressources marines et côtières pour vivre, seront directement impactés par l’industrialisation.
8. Cette exploitation est très coûteuse – la recherche de pétrole de l’Arctique coûte incroyablement cher. Ces deux dernières années Cairn Energy a dépensé plus d’un milliard de dollars pour forer une poignée de puits – et encore pas trouvé de pétrole. Là où le coût d’extraction d’un baril conventionnel se situe entre 10 et 40 dollars le baril, extraire un baril de pétrole en Arctique coûtera entre 40 et 100 dollars. Sans compter le coût des assurances … Le Lloyd’s, marché des assurances, a levé le drapeau rouge : le plus grand risque en termes de dégâts environnementaux, de coûts d’assurance est une marée noire ! ()
9. Trois ans de ressources pétrolières – l’US Geological Survey estime que l’Arctique pourrait contenir jusqu’à 90 milliards de barils de pétrole. Cela semble beaucoup, mais cela ne répondrait qu’à trois ans de la demande de pétrole dans le monde. Nous risquons donc de compromettre cet espace vierge et magique qu’est l’Arctique pour trois ans de pétrole à peine …
10. Nous n’en avons pas vraiment besoin. Les constructeurs automobiles sont parfaitement capables de produire des véhicules économes en carburant. Si des entreprises comme Volkswagen le voulaient, des véhicules efficaces seraient la norme … Épargnant ainsi aux consommateurs le coût du carburant, et à l’Arctique le coût de l’exploitation pétrolière !