C'est une étape qui a été franchie ces deux derniers jours ... Mais force est

Climat

Conférence environnementale : un bilan … normal

C’est une étape qui a été franchie ces deux derniers jours … Mais force est de constater que l’on est quand même loin du changement de société annoncé.

Ces discussions ont esquissé une méthode de concertation intéressante sur certaines questions (et notamment sur l’organisation future du débat sur l’énergie) . Mais le format ne permet pas l’échange, car avec le nombre d’acteurs présents, le temps de parole est réduit. Chaque représentant prend donc la parole pour avancer ses pions et campe sur ses positions. Le résultat se révèle donc être souvent une liste de doléances…

Le débat sur l’énergie représente le véritable enjeu et permettra peut-être la place d’une réelle concertation, d’un débat transparent, démocratique, décentralisé. C’est un enjeu majeur, et on l’attend depuis quelques dizaines d’années !

Retour sur les principaux points saillants de cette première conférence.

Le discours du Président : subtil et ambigu

On peut saluer, dans le discours d’ouverture prononcé par François Hollande une ambition affichée et marquée, des rappels essentiels, et un volontarisme dans le ton.

On attendait des gages et des signaux positifs : mais au final, peu de choses à retenir, malgré les applaudissements nourris . Les médias en ont retenu quelques annonces iconiques et symboliques, notamment sur les hydrocarbures de schiste et le nucléaire. Mais qui ne sont en fait que des confirmations de promesses de campagne.

Des engagements plutôt clairs ont été pris, par exemple, l’ambition sur les logements – 1 millions par an . C’est une promesse importante : mais rappelons que Jean-Louis Borloo avait pour objectif 400 000 logements par an et qu’à ce jour l’objectif est très, très loin d’être atteint… C’est donc sur les actes et les résultats que l’on jugera.

Notons également qu’en fin d’après-midi, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif prouvait l’ambiguïté du message présidentiel en annonçant que le débat sur les hydrocarbures de schiste n’en était qu’à son début. Manœuvre ou maladresse ?

Le déroulement des tables rondes : que peut-il en sortir ?

Concernant les tables rondes, l’intention est certes louable mais l’exercice s’est révélé difficile. Chacun pousse ses pions et défend ses positions dans une succession de prises de position.

La première chose qui interpelle, c’est que les deux ministres, Arnaud Montebourg et Delphine Batho jouent chacun leur partition sans jamais s’accorder. Environnement et redressement productif cheminent côte à côte s’en jamais s’engager dans une voie commune. Plus encore, Arnaud Montebourg continue d’opposer dans son propos redressement productif et transition écologique! Résultat, si les deux ministres ne parviennent pas à faire le lien entre l’économie et l’écologie, il y a peu de chances que les parties prenantes y parviennent.

Relevons un point positif : la question du déroulement du futur débat sur l’énergie. C’était un des points essentiels à l’agenda de la table ronde sur l’énergie. Et c’est un point qui avance et où les échanges ont été riches.

Enfin, les mesures annoncées en clôture par le Premier ministre

Sur le nucléaire :
Sur Fessenheim, l’annonce fait la une. Mais le Premier ministre, comme François Hollande, n’a fait que préciser la date de l’application d’une de ces promesses de campagne. Ce n’est qu’une confirmation. Annoncée depuis des mois « avant 2017 » cette fermeture pourrait être effective bien plus vite, et notamment avant de démarrer les travaux titanesques demandés par l’ASN !
Ces travaux ne doivent pas avoir lieu. Si la centrale présente des problèmes de sûreté, il faut la fermer !

De plus, le Président a réaffirmé son objectif de réduire de 75 à 50% la part du nucléaire d’ici à 2025. Rien de neuf donc, et une équation qui ne tient toujours pas !
C’est mathématique : si on ferme Fessenheim et qu’on lance l’EPR de Flamanville la même année, on ne peut pas parler de réduction de la part du nucléaire ! Il faudra décider la fermeture d’autres centrales.

Sur les hydrocarbures de schiste, annonce apparemment spectaculaire s’il en est, il annonce le rejet de 7 demandes de permis d’exploration d’hydrocarbure de schiste et affirme son opposition à la fracturation hydraulique durant le quinquennat.
Mais ici encore, l’exécutif s’est borné à appliquer de manière rigoureuse la loi votée en 2011 par l’UMP et approuvée par le PS, qui rejette la méthode de la fracturation hydraulique. Son discours était subtile sur le ce point : il n’a pas fermé la porte aux gaz de schiste, il ne l’a juste pour l’heure pas rouverte ! On regrette donc que le président se borne au débat autour de la technique d’extraction. La vraie transition énergétique ne passera pas par la recherche de nouvelles sources fossiles.

Concernant les objectifs annoncés sur les émissions de gaz à effets de serre et le moratoire sur les agro-carburants de première génération, les mesures sont un alignement sur la feuille de route européenne, la France suit donc ses engagements.

Le cadre esquissé est donc intéressant. Mais nous ne sommes pas « rassurés », et nous resterons vigilants sur la mise en adéquation de la loi et des budgets avec les objectifs annoncés.