La question revient régulièrement : « c’est facile de faire campagne ici, mais on ne vous voit pas en Chine alors que c’est l’un des pays les plus pollueurs ! », ou encore « arrêtez de vous en prendre à la France, la pollution, elle est ailleurs, notamment en Chine ! ». Depuis 20 ans, Greenpeace fait campagne pour protéger l’environnement en Chine… Un immense défi, mais elle obtient des résultats. Dans cet article, nous vous présentons un tour d’horizon des actions menées dans ce pays, malheureusement trop méconnues vu de France. Nous vous expliquons aussi pourquoi nos actions en Chine ne doivent en aucun cas nous exonérer, loin de là, de notre responsabilité d’agir aussi en France.

Comment Greenpeace fait (aussi) campagne en Chine

La question revient régulièrement : « c’est facile de faire campagne ici, mais on ne vous voit pas en Chine alors que c’est l’un des pays les plus pollueurs ! », ou encore « arrêtez de vous en prendre à la France, la pollution, elle est ailleurs, notamment en Chine ! ». Depuis 20 ans, Greenpeace fait campagne pour protéger l’environnement en Chine… Un immense défi, mais elle obtient des résultats. Dans cet article, nous vous présentons un tour d’horizon des actions menées dans ce pays, malheureusement trop méconnues vu de France. Nous vous expliquons aussi pourquoi nos actions en Chine ne doivent en aucun cas nous exonérer, loin de là, de notre responsabilité d’agir aussi en France.

Une action décisive pour la révolution énergétique

Avec 20 ans de présence dans ce pays, passant de deux salarié·es en 2002 à plus de 80 aujourd’hui, le bureau de Greenpeace à Pékin a parcouru un long chemin, avec le souci de placer l’humain au centre de ses campagnes, tout en garantissant en permanence l’indépendance de ses expertises scientifiques

Greenpeace promeut des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables en Chine. 

Et avec succès. D’après le dernier rapport de Carbon Brief, la Chine, responsable à elle seule du tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, pourrait voir son bilan carbone baisser dès 2024. Pour la première fois, la production d’électricité d’origine renouvelable devrait croître plus vite que la demande en énergie, de sorte que le pays peut envisager de réduire sa production d’électricité à partir du charbon.

Greenpeace a été précurseur en prédisant que l’énergie solaire et l’énergie éolienne deviendraient des sources d’énergie courantes, et a été moteur dans l’installation de panneaux solaires sur les toits. Elle a fait directement pression sur les gouvernements des différentes provinces pour qu’ils adoptent des objectifs deux fois plus ambitieux et a fait campagne sur les courtiers en énergie qui avaient favorisé l’expansion du charbon au détriment des énergies renouvelables. 

Depuis 2017, le bureau de Greenpeace en Chine met les entreprises face à leurs responsabilités concernant leurs objectifs de transition énergétique, y compris les géants chinois tels qu’Alibaba et Tencent. Ceux-ci ont réagi à la pression en passant aux énergies propres et ils se présentent désormais ouvertement comme des champions des énergies renouvelables. Cette transition a mis une certaine pression sur le reste de l’industrie.

Greenpeace s’est également lancée dans une étude publique ciblant particulièrement l’industrie technologique. Des acteurs de premier plan d’autres secteurs nous emboîtent maintenant le pas en élaborant leurs propres politiques respectueuses de l’environnement

Depuis 2017, l’organisation cible directement les entreprises technologiques dont les centres de données ont une forte empreinte en termes d’émissions et, depuis 2020, nous publions un classement annuel

Plus récemment, ByteDance, propriétaire de TikTok, s’est engagée à utiliser 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030. C’est la dernière grande entreprise technologique à s’engager publiquement en faveur du climat. Nous étions en campagne contre elle depuis des années. 

Une campagne historique contre le charbon

Un militant de Greenpeace brandit « un morceau de ciel bleu » devant un bâtiment historique chinois, la Tour de la Cloche, à Pékin.
Janvier 2015, © Yang Di / Greenpeace

Ces dernières années, le président chinois Xi Jinping s’est engagé à limiter l’expansion des centrales au charbon et à ne plus en construire de nouvelles à l’étranger. 

Greenpeace Chine a largement contribué à ce changement positif, en créant notamment un registre public pour documenter l’expansion de l’industrie du charbon. Cette analyse de données nous a permis de proposer des solutions scientifiques aux responsables politiques.

Cette campagne sur le charbon a débuté en 2008, avec un rapport soulignant que la Chine était le plus gros extracteur et consommateur de charbon au monde. La combustion du charbon, souvent mesurée par les niveaux de PM2,5 (particules fines), est la principale source de pollution atmosphérique.

Dès le début de la campagne, Greenpeace a mis en évidence les risques sanitaires et climatiques liés à la combustion du charbon et appelé le gouvernement à contrôler cette source d’énergie. La sensibilité de l’opinion publique à la pollution de l’air n’a depuis cessé de croître.

En 2013, la Chine a publié son Plan d’action de prévention et de contrôle de la pollution atmosphérique (APPCAP), désignant le charbon comme responsable de pollution de l’air. De 2014 à 2018, Greenpeace a publié un classement national qui comparait la concentration de PM2,5 dans l’air de centaines de villes chinoises. 

Au cours de la décennie suivante, nous avons mené plusieurs enquêtes sur le charbon, notamment sur sa transformation en produits chimiques, son impact sur la propreté de l’eau et les investissements de la Chine à l’étranger.

À la suite des engagements pris par le gouvernement en matière de neutralité carbone pour 2021, le bureau de Greenpeace en Chine cible à présent les géants chinois de la technologie et les constructeurs automobiles en leur demandant de réduire leurs émissions de carbone et de s’engager à utiliser 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030. 

Des investigations pour documenter la déforestation

Un activiste de Greenpeace debout devant des arbres abattus. Depuis 2004, Greenpeace enquête et dénonce les dommages potentiellement causés par Asia Pulp and Paper notamment aux forêts naturelles du Hainan et du Yunnan.
Novembre 2004, © Greenpeace

Greenpeace Chine a mené des investigations qui ont mis en évidence la déforestation à grande échelle, par Asia Pulp and Paper (APP), de forêts naturelles dans les provinces du Yunnan et du Hainan.

L’intérêt et la pression du public chinois ont poussé les détaillants et les maisons d’édition à refuser d’acheter les produits d’APP.

Notre bureau chinois a également dénoncé la destruction de forêts primaires en Chine pour la production de bois et de produits dérivés. La restauration des forêts est désormais un élément essentiel de la campagne menée sur la biodiversité.

Le recueil de preuves pour la campagne mondiale contre la mode toxique

Des activistes de Greenpeace recueillent des échantillons d’eau polluée dans le fleuve Qiantang (Xiaoshan District, Hangzhou).
Mai 2012, © Greenpeace / Yin Kuang


Des activistes de Greenpeace prélèvent des échantillons d’eau dans un tourbillon noir situé le long de la rive du fleuve Qiantang. L’eau provient de la station d’épuration de Xiaoshan Linjiang, située dans la zone industrielle de Linjiang (district de Xiaoshan, Hangzhou). 2012 © Greenpeace / Yin KuangDe 2011 à 2016, le bureau chinois de Greenpeace a établi un lien entre les marques mondiales de fast fashion et la pollution chimique toxique en Chine par l’intermédiaire de leurs fabricants. Dans le cadre d’un projet mondial de Greenpeace mené par le bureau de Pékin, des échantillons d’eau ont permis d’établir un lien entre les grandes marques et la pollution.

De nombreuses multinationales et fournisseurs locaux ont, grâce à cette campagne, cessé d’utiliser des produits chimiques toxiques et nocifs. Il s’agit notamment d’Adidas, de Benetton, de Burberry, d’Esprit, de H&M, de Puma et de Zara.

Témoigner lors des catastrophes climatiques

Manifestation sur la Grande Muraille de Chine pour appeler à l’action climatique et à une énergie 100 % renouvelable avant les négociations sur le climat à Paris.
Novembre 2015, © Young Xu / Greenpeace

Greenpeace Chine travaille au plus près des populations affectées par des catastrophes climatiques dans le pays et s’attache à expliquer les liens entre ces événements et le changement climatique.  

Ainsi, lors des inondations du Henan en 2021, nous avons mis au jour le lien entre la catastrophe et le changement climatique, ce qui a déclenché des discussions dans les médias. Nous avons également donné aux personnes responsables ou influentes au sein des communautés les moyens de prendre leurs propres mesures pour lutter contre le changement climatique.

Greenpeace est la voix la plus influente et la plus active sur le climat en Chine. Nous faisons pression sur le gouvernement et les entreprises pour leur faire prendre des mesures en faveur du climat, nous dénonçons le greenwashing et les fausses solutions, notamment lors d’événements tels que les Jeux olympiques d’hiver et les COP sur le climat et la biodiversité.

Quelle est la prochaine étape pour Greenpeace Chine ?

Exposition organisée par Greenpeace dans un centre commercial de Pékin pour montrer au public la valeur des déchets électroniques notamment via une installation artistique composée de plus de 500 vieux téléphones portables.
Mars 2019, © Greenpeace / Yan Tu

La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde mais les nouveaux engagements en matière de neutralité carbone sont encourageants pour la transition énergétique de ce pays.

Greenpeace continuera à faire pression pour accélérer l’action climatique et à surveiller de près les gouvernements nationaux, provinciaux et locaux ainsi que les entreprises pour les pousser à atteindre les objectifs publics « net zéro » qui se multiplient actuellement en Chine.

Il est aussi indispensable d’agir en France !

Si la France ne représente que 1 % des émissions de CO2 dans le monde, cette donnée n’intègre pas les gaz à effet de serre liés aux importations. Or, il n’est un secret pour personne qu’une immense partie des biens que nous achetons viennent… de Chine.

Nous « exportons » ainsi une partie de notre pollution en faisant fabriquer à l’étranger des biens que nous importons. Il est donc facile de se contenter d’une loupe nationale pour éviter de voir qu’on pollue ailleurs, par nos modes de production et de consommation.

Sans compter que la France a une responsabilité historique et se place à la 8e place des pays les plus pollueurs au monde si on considère le cumul des émissions de gaz à effet de serre, notre pays s’étant développé en investissant très tôt dans les énergies fossiles comme le charbon, le pétrole, le gaz. Nous avons donc en quelque sorte une « dette climatique » envers la planète en général et les pays en développement en particulier.

Donc oui, la Chine a un rôle important dans la transition écologique, d’où l’importance de notre travail en Chine… mais cela ne nous dédouane pas d’agir ici, loin de là !