Syrie et changements climatiques, quel lien ?
Une guerre est toujours la conséquence de l’interaction de multiples facteurs. En Syrie, les dynamiques politiques locales associées à des années d’oppression sont les raisons principales qui ont abouti à cette tragédie. Les longues et répétitives sécheresses sont un facteur en lui-même mais il serait hâtif d’affirmer qu’il a été le seul capable de faire basculer le pays dans une telle tragédie.
Certains analystes avancent que ces années de sécheresse et la réponse inadaptée du gouvernement à la situation d’urgence a provoqué un exode rural massif qui a mis sous pression les centres urbains attisant les protestations anti-gouvernementales déjà vives. Tout cela peut être débattu bien entendu. Mais ce qui est certain, c’est que les changements climatiques participent à l’augmentation des risques de conflits en exacerbant des facteurs déclenchant comme la pauvreté, les crises économiques ou des institutions chancelantes. De plus, les populations vivants dans des endroits touchés par des conflits violents sont encore plus vulnérables aux changements climatiques. Un premier cercle vicieux.
Accès aux ressources et changements climatiques, quel lien ?
Ce sont bien entendu les ressources comme l’eau ou les terres arables qui mettent en premier le feu aux poudres. Il est clair aujourd’hui que les changements climatiques malmènent ces ressources, les rendant soit impropres à l’utilisation et la consommation soit de plus en plus rares. Ce qui entraîne de terribles conflits. Mais il s’agit aussi des ressources énergétiques comme le pétrole ou le gaz. Une société qui carbure aux énergies fossiles, de plus en plus rares, favorise non seulement les changements climatiques par leur utilisation massive mais aussi les conflits pour leur accès de plus en plus stratégique. Un deuxième cercle vicieux.
Migration de masse et changements climatiques, quel lien?
Les changements climatiques vont avoir un impact significatif sur les déplacements de populations. Les impacts ne seront pas nécessairement directs, car la décision de partir résulte en général de plusieurs facteurs. Mais certains exodes seront complètement dépendants du climat. Ceux provoqués (même temporairement) par des épisodes météorologiques extrêmes (dont l’intensité et la fréquence sont augmentées par les changements climatiques). Ceux (définitifs) liés à la montée des eaux dans les régions côtières. Ainsi, une montée du niveau de la mer de 2 mètres provoquerait une perte de terre ferme de 1.789 kilomètres carrés et le déplacement de 187 millions de personnes soit 2,4% de la population mondiale. Les changements climatiques amplifient aussi les situations de crise comme les exodes ruraux massifs. Et toutes ces situations de crise accélérées ou amplifiées par les changements climatiques sont autant de facteurs aggravant pouvant provoquer des conflits. Un troisième cercle vicieux.
Vers un climat de Paix ?
Cette Journée, instaurée par l’ONU en 1981, a pour thème cette année « Partenariats pour la Paix – Dignité pour tous ». L’occasion de rappeler qu’il est primordial que toutes les sphères de la société travaillent ensemble, dans le respect, pour l’installation d’une paix durable. Ce désir fort de voir toutes les sphères de la société travailler solidairement à la résolution de problèmes extrêmement graves qui nous impactent tous fait aussi bien entendu écho à la COP21 qui aura lieu en fin d’année à Paris et qui aura pour objectif ambitieux de trouver des solutions aux changements climatiques. D’autant plus qu’autour des tables de négociations climatiques se trouvent des pays qui couvent des conflits plus ou moins visibles et qui pourraient rendre caduques toutes les décisions prises au strict niveau du climat. Séparer les enjeux reviendrait à annuler tous les efforts éventuellement consentis.
Un cercle vicieux de plus ou l’occasion d’enclencher enfin un cercle vertueux ?