Climat

Abandonnons le charbon !

La semaine dernière, en Pologne, dans le cadre de la campagne mondiale « Quit coal » (« Abandonnez le charbon ») menée par Greenpeace, onze militants ont escaladé une cheminée de la centrale électrique de Patnow, située au centre du pays. Cette centrale est alimentée au lignite, véritable cauchemar écologique très fortement émetteur de CO2. Déployant à plusieurs reprises des banderoles réclamant « Quit Coal, Save the Climate » (« Abandonnez le charbon, sauvez le climat »), Greenpeace a ainsi voulu appeler la Pologne à abandonner le charbon, source de 94 % de son électricité.


Hissés à une hauteur de 150 mètres, par des températures de 2 ou 3° C et grand vent, les militants allemands, polonais, britanniques, suédois et canadiens ont occupé la cheminée de Patnow plus de 48 heures, interpellant le Premier ministre polonais pour qu’il s’engage à ce que la Pologne ne bloque pas les négociations actuellement en cours sur le paquet climat/énergie. Ce plan européen de lutte contre les changements climatiques devrait adopté au sommet des chefs d’État et de gouvernement européens qui s’ouvre demain, jeudi 11 décembre, à Bruxelles.

Une semaine après cette spectaculaire action, je suis revenue aux environs de cette centrale, sur le site de la mine de Konin, pour accompagner une équipe de journalistes français venus en Pologne suivre la 14e conférence des Nations unies sur les changements climatiques et qui souhaitaient voir sur le terrain les ravages causés par l’industrie du charbon.

Aux alentours de Konin s’est développé un mouvement d’opposition sur un projet d’extension des mines de lignite à ciel ouvert. Depuis 70 ans, la compagnie publique KWB Konin exploite le lignite, matériau plus polluant encore que le charbon : saturé de carbone (50 %) et d’eau, le lignite est faiblement énergétique car il faut le chauffer avant la combustion.

La KWB Konin a déjà avalé 12 000 ha et des dizaines de villages autour de Konin. Les paysans ont été relogés dans des barres, en périphérie de la ville. Au total, neuf fosses ont été ouvertes dont cinq, épuisées, sont fermées. Aujourd’hui, KWB souhaite creuser une nouvelle fosse de 1 200 ha pour laquelle le permis d’exploitation lui a été délivré en février, malgré le classement européen Natura 2000 du lac Goplo et de ses environs, riche en biodiversité. Le projet d’extension ouvrirait sur 30 mètres de profondeur une cinquième plaie, en plus des quatre fosses déjà béantes, et provoquera le déplacement de 1 500 des 5 000 habitants de la région.

Non loin de là, pour soutenir ces villageois, Greenpeace a installé, mi-novembre, une « Climate Rescue Station ». Sous ce dôme de toile aux couleurs de la Terre, érigé entre deux fosses, se sont relayés dix à douze militants, qui ont accueilli les médias et ont donné un coup de main aux habitants de la région. Il y a quelques jours, ce dôme a été déménagé jusqu’à Poznan, à 100 km à l’ouest de Konin, où il restera jusqu’à la fin de la conférence de l’Onu, pour accueillir divers événements et rappeler que l’heure est venue de choisir entre agir pour un avenir climatique plus sûr ou continuer à donner la priorité aux intérêts à court terme des industries polluantes.