« Stockez de la nourriture et des boissons pour deux jours et ne sortez pas de votre chambre. Si les murs commencent à se fissurer, accrochez-vous aux canalisations. Rapprochez-vous de votre consulat. ». Tel est le message qu’ont trouvé un soir, dans leur chambre d’hôtel, les membres de Greenpeace Espagne qui se sont rendus au Vanuatu en mai dernier pour rencontrer les habitants de cet archipel touché de plein fouet par les changements climatiques. Témoignages.

Climat

Le Vanuatu, pays le plus dangereux du monde

« Stockez de la nourriture et des boissons pour deux jours et ne sortez pas de votre chambre. Si les murs commencent à se fissurer, accrochez-vous aux canalisations. Rapprochez-vous de votre consulat. ». Tel est le message qu’ont trouvé un soir, dans leur chambre d’hôtel, les membres de Greenpeace Espagne qui se sont rendus au Vanuatu en mai dernier pour rencontrer les habitants de cet archipel touché de plein fouet par les changements climatiques. Témoignages.

À l’approche de la tempête Donna, les habitants se réfugient dans les églises, souvent les seuls bâtiments en dur dans certains villages. ©Greenpeace

Un ministère dédié aux changements climatiques

La saison des cyclones était pourtant terminée, mais l’archipel s’apprêtait à être frappé par une tempête pour la deuxième fois du mois de mai. « Les cyclones sont chaque fois plus intenses et se produisent de plus en plus souvent hors de la période habituelle », a confié à Greenpeace un représentant du ministère des Changements climatiques. Oui, le Vanuatu possède un ministère des Changements climatiques…

La tempête Donna n’a pas fait de victimes, mais des maisons précaires ont été emportées par des glissements de terrain provoqué par les crues, malgré les précautions prises par les habitants.

Les habitants se préparent au passage de la tempête Donna. ©Greenpeace

Situé au beau milieu de l’océan Pacifique Sud, le Vanuatu est victime de la montée des mers et de l’érosion des côtes, phénomènes imputables au dérèglement du climat. D’après les services météorologiques, le niveau de l’eau a augmenté de 11 cm depuis 1993, soit deux fois plus que la moyenne mondiale.

Dans le village de Takara, des quartiers situés en bord de mer ont dû être déplacés à l’intérieur des terres il y a quelques années. Une habitante nous a confié que sa maison allait bientôt devoir être de nouveau déplacée. Bientôt, la population ne saura plus où se réfugier, le caractère volcanique de l’île compliquant encore davantage la relocalisation des habitants.

Après le passage de la tempête, la vie reprend ses droits. Les enfants jouent comme si de rien n’était entre les arbres déracinés qui, par chance, ne se sont pas écrasés sur les maisons alentour. ©Greenpeace

Du pays le plus heureux au pays le plus dangereux

En 2006, d’après un classement international, le Vanuatu était l’endroit sur terre où les personnes étaient les plus heureuses. En 2015 puis 2016, dans le cadre de son étude annuelle World Risk Report, une agence des Nations unies a considéré que le Vanuatu était le pays le plus exposé aux risques de catastrophes naturelles.

©Greenpeace

Le changement climatique « imprègne tout »

Jeannette Leimala Raupepe travaille pour une association qui aide les habitants de Vanuatu à s’adapter aux impacts des changements climatiques dans leur vie quotidienne. « Ici, tout est imprégné par le changement climatique : l’économie, l’éducation, la santé, a-t-elle expliqué à l’équipe de Greenpeace. À l’école, le changement climatique est une matière à part entière qu’on enseigne aux enfants. Toute notre vie est affectée. Nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre à vivre avec ces impacts. »

Les habitants de Vanuatu subissent chaque jour les effets des changements climatiques. Pourtant, ils ne sont pas responsables des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent ces dérèglements. « J’ai le droit de demander aux autres pays, notamment aux États-Unis et aux pays européens, et aux entreprises, de prendre conscience de ce qui se passe ici et d’arrêter d’émettre du CO2. Aujourd’hui, le Vanuatu est touché. Au tour de qui demain ? », a poursuivi Jeannette.

À la suite du retrait des États-Unis de l’accord de Paris, annoncé par D. Trump la semaine dernière, Paris a réaffirmé son leadership et sa volonté de mettre en œuvre les dispositions de l’accord pour réduire les émissions et limiter la hausse des températures. Mais si on veut éviter un emballement catastrophique du climat, il va falloir aller plus loin, plus vite, et revoir les objectifs de réduction de CO2 à la hausse très rapidement.

Hier mardi 6 juin, lors d’une rencontre entre le gouvernement et les ONG de défense de l’environnement, nous n’avons pas manqué de rappeler à M. Macron l’impérieuse nécessité de l’exemplarité européenne et française en matière de transition énergétique et de réduction de CO2. Nous attendons maintenant des mesures concrètes dans les toutes prochaines semaines. Le temps presse.