François Catzelfis, bénévole français, nous raconte son travail d'observatio

Océans

Un dimanche tranquille à Pantelleria

François Catzelfis, bénévole français, nous raconte son travail d’observation.

Scouting

Quelque part le long de la côte Est de l île de Pantelleria

Hier quand je suis arrivé à Pantelleria, une petite île italienne au sud-ouest de la Sicile, le vent soufflait régulièrement, environ 15 noeuds (env. 25 Km/h) depuis le sud-est. Et ce matin, aux aurores, ce sacré vent s’est renforcé, et la mer est recouverte de moutons blancs ­.Ce n’est pas une bonne journée pour les thoniers-senneurs, car pour déployer leur senne tournante ils ont besoin d’une mer calme. Alors, cela devrait être une bonne journée pour observer la Mer Méditerranée, si par hasard des navires
intéressants venaient à passer au large. Ciel bleu, pas de brume, la visibilité porte à au moins 5 milles nautiques (9 Km). Avec les jumelles, le télescope, et la boussole, je pars de la petite ville de Pantelleria en direction du sud-est, marchant le long de la petite route qui longe la côte sinueuse en passant au-dessus des falaises noires, car Pantelleria est une île volcanique avec des blocs de laves visibles partout.

Quatre heures plus tard, et 16 km de parcourus à travers des paysages magnifiques : très au large passent 2 énormes porte-containers. Venant du Sud-est, la grosse vedette des Carabinieri longe les côtes. Vers 14h00 les jumelles reconnaissent un bateau de pêche blanc, d¹environ 25 mètres. Vite, le télescope : c’est un palangrier blanc, traînant une longue ligne munie d’avançons (bas de ligne), chacun avec 2 à 3 hameçons. Leur cible : thons rouges, grosses daurades. Ce palangrier, le Gusmano Primo (1TP1170) – file en direction nord-est, et vite disparaît à l’horizon dans la petite brume des écumes de vagues.

Pantelleria couvre à peine 83 km2 et l’ensemble des routes qui font le tour de l’île mesure environ 52 km ; au centre, une montagne culminant à 836 m et appelée habilement « Montagna Grande ». La population est d’environ 6 500
habitants permanents, dont la majorité sont dans la petite ville de Pantelleria. Principale activité = le tourisme (actuellement la grande majorité des petites maisons éparpillées sur l’île sont fermées).

Le palangrier italien Gusmano-Primo

Palangrier italien Gusmano-Primo, qui viendra se réfugier la nuit au port durant le coup de vent de dimanche à lundi

Mais pourquoi traîner à Pantelleria en plein milieu de la campagne « thons rouges » ?
Située à 70 milles marins (Env. 125 Km) de la Sicile, Pantelleria n’est distante des côtes tunisiennes que de 40 milles (74 km, pour les lecteurs terriens). Et le secteur compris entre Malte, Pantelleria et Tripoli (Libye) est une des zones de pêche préférées des thoniers-senneurs, ces navires ultra-modernes qui ont allègrement dépassé les quotas de thons rouges depuis plusieurs années. Ce sont depuis les îles de Pantelleria, Lampedusa (au sud-est) et Malte que de nombreux avions renifleurs décollent à la recherche des compagnies ­ des bancs ­ de thons rouges. Et ceci malgré l¹interdiction de ce genre de pratique depuis janvier 2007.

Les thons rouges capturés dans le Golfe de Syrte (Libye) et maintenus vivants pour être gavés dans les fermes d’engraissement d’Espagne, de Malte et d’ailleurs seront remorqués dans des cages de transfert qui passeront forcément non loin de Pantelleria, comme celle-ci se trouve approximativement au milieu du détroit de Sicile.