Thon rouge : le coup de grâce

Antalya, Turquie, le 18 novembre 2007. L’assemblée annuelle de la Commission internationale de gestion des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) vient de se terminer. Les quelques décisions entérinées sur la question cruciale du thon rouge ne répondent absolument pas à l’enjeu. L’effondrement du stock évoqué par les scientifiques et les experts est plus palpable que jamais.

« Avec le plan adopté à Dubrovnik de 2006, on allait droit dans le mur… En 2007, avec les non décisions d’Antalya, on y va toujours, mais le sourire aux lèvres et la main sur le klaxon » s’indigne Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France. « Ce qui s’est joué cette semaine en Turquie est inacceptable et nous oblige une fois de plus à mettre en cause les méthodes de travail des conférences de gestion des pêcheries. Celles-ci doivent être réformées de fond en comble ! »

– Le plan de 2006, qui a pourtant montré toutes ses limites et carences cette année (surpêche record des pays européens, pratiques illégales persistantes, pêche pirate) est reconduit à l’identique.

– Le total autorisé de captures (TAC) pour 2008 sera équivalent à celui de cette année (29 500 tonnes) alors qu’il devait baisser de 10%… Délégation américaine et organisations écologistes demandaient pour leur part un moratoire.

– Le Japon a obtenu l’autorisation d’organiser en mars prochain une réunion parallèle réunissant tous les acteurs commerciaux du thon rouge. Ce type de démarche émanant d’un tel acteur aura pour seule conséquence de privatiser un peu plus encore une ressource emblématique des peuples méditerranéens. La bénédiction donnée par l’ICCAT au « Tuna business » mené par les autorités japonaises pour se substituer à l’autorité de gestion et de régulation est très préoccupante.

– L’Europe restituera sa surpêche de cette année à raison de 1 400 tonnes par an à partir de 2009… La question de savoir quelle sera la base de calcul retenue (intégration des excès espagnols et italiens notamment) reste entière. Quant à la supposé « sous-pêche » déclarée par les pays du Maghreb pour les années 2005 et 2006, elle leur sera restituée à hauteur de 50%.

La communauté internationale semble considérer avec indifférence la disparition du prédateur majeur de la Méditerranée. Cette disparition provoquera pourtant un chaos écosystémique sur l’ensemble du bassin dont personne n’est en mesure d’évaluer l’ampleur.