L’analyse des propositions et des votes des partis d’extrême droite, Rassemblement national en tête, ne laisse aucune place au doute : loin de rompre avec des politiques pro-lobbies et un système destructeur pour les ménages les plus précaires, les travailleur·ses comme pour l’environnement, l’extrême droite se met au service des ultra-riches et des grandes entreprises polluantes. Le tout aux dépens de notre santé et de notre environnement.
1. Prétendre « aimer la France »… mais l’empoisonner
Le Rassemblement national est devenu le fer de lance de la réintroduction de produits toxiques et pesticides néfastes. Contre l’opinion de l’immense majorité des Français et Françaises, le parti d’extrême droite a voté avec le camp présidentiel et les Républicains pour la loi Duplomb, une catastrophe sur les plans écologique et sanitaire qui fait la part belle aux pesticides et à l’agrobusiness. Il s’est aussi opposé à l’interdiction des PFAS (« polluants éternels »), reprenant à la lettre les arguments des industriels.
Le RN prône carrément l’exact inverse du principe de précaution : pas d’interdiction de pesticides toxiques « sans alternatives efficaces », c’est-à-dire économiquement rentables. En d’autres termes : les profits des industriels passent avant la santé des citoyens et citoyennes.
Dans son programme électoral, Marine Le Pen a beau prétendre soutenir l’agriculture bio, dans les faits, elle-même et les député·es RN n’ont rien proposé en faveur de la bio, voire s’y sont opposés, comme le dénonce la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB). Selon elle, le RN mène une politique de « libéralisation maximale », au détriment de la santé et de l’environnement.

Fleur Breteau, fondatrice du collectif Cancer colère a alerté, aux côtés d’organisation comme Greenpeace et de plusieurs milliers de citoyennes et citoyens, sur les dangers de la loi Duplomb. Celle-ci a malgré tout été votée grâce aux voix de l’extrême droite, alliée aux Républicains et au gouvernement.
2. Protéger les « honnêtes gens » … mais défendre surtout les ultra-riches
Le Rassemblement national, Reconquête et plus récemment Les Républicains prétendent protéger les « honnêtes gens », travailleurs et méritants. Pourtant, leurs votes et leurs prises de position tendent surtout à favoriser les plus fortunés et à fragiliser les personnes en situation précaire.
Les parlementaires du RN, alliés aux Républicains et aux Macronistes, ont ainsi rejeté la taxe Zucman, qui prévoyait un impôt plafond de 2% sur le patrimoine des très grandes fortunes. Jordan Bardella a personnellement pris la défense du milliardaire Bernard Arnault, passé maître dans l’optimisation fiscale et « grand ami » de Donald Trump.
Le RN s’oppose aussi au rétablissement de l’impôt sur la fortune, proposant de le remplacer par un « impôt sur la fortune financière » qui rapporterait beaucoup moins et épargnerait le patrimoine des plus riches… Il réclame par ailleurs de baisser les impôts sur les successions qui, contrairement aux idées reçues sur les héritages, ne concernent essentiellement qu’une minorité plutôt aisée. Et il a voté contre l’augmentation du SMIC…
3. Se présenter comme les « gardiens de nos paysages »… mais autoriser les saccages et la bétonisation
Le RN met régulièrement en avant la défense du patrimoine architectural et paysager. Il vote pourtant en faveur de politiques destructrices : loi Duplomb, qui facilite la construction de mégabassines et de fermes-usines, amendement pour réautoriser les forages pétroliers et gaziers sur le territoire français, abandon de l’objectif « zéro artificialisation nette », soutien aux grands projets autoroutiers inutiles, multiplication des réacteurs nucléaires, bétonisation en forte hausse dans des mairies d’extrême droite comme à Cogolin ou Fréjus…
En dehors de son combat idéologique contre les éoliennes et le solaire, malgré un soutien massif de la population aux énergies renouvelables, le RN propose très peu de mesures crédibles pour la sauvegarde du patrimoine naturel comme architectural. Ses positions climaticides sont d’ailleurs en contradiction avec une réalité : selon l’Unesco, 1 site patrimonial culturel sur 6 est menacé par le changement climatique, comme c’est le cas de plusieurs châteaux de la Loire en France.

Le Rassemblement national a déposé un amendement pour réautoriser les forages pétroliers et gaziers sur le territoire français, en contradiction totale avec ses discours sur la préservation des paysages.
4. Prétendre baisser les factures d’énergie… mais laisser des millions de foyers dans des logements mal isolés
Le RN s’échine à torpiller les mesures destinées à rénover les logements mal isolés, dont sont victimes avant tout les locataires les plus modestes. Que ce soit au niveau européen ou national, la politique de l’extrême droite est claire : favoriser les propriétaires rentiers au détriment des locataires. Le RN souhaitait notamment supprimer les obligations de rénovation pour les propriétaires qui louaient des logements passoires. Au Parlement européen, il s’est opposé au Fonds social pour le climat, qui prévoit notamment des aides financières pour la rénovation des logements des propriétaires les plus modestes.
En réclamant un moratoire sur les énergies renouvelables et l’arrêt des subventions à ce secteur, l’extrême droite accroîtrait par ailleurs la dépendance aux importations de gaz et pétrole russe et américain. De nombreuses communes ont pourtant mis en œuvre des projets de production d’énergie renouvelable et de rénovation des bâtiments, comme à Malaunay (Seine-Maritime) ou à Muttersholtz (Bas-Rhin) réalisant des économies significatives.
5. S’afficher comme les amis des animaux… mais ne pas les protéger
On ne compte plus les photos de Marine Le Pen ou Jordan Bardella avec des chats, chiens, lapins et animaux de ferme… Mais leurs actions pour la défense des animaux s’arrêtent à ces opérations de communication.
Les responsables RN multiplient les votes contre les intérêts des animaux, dans une logique ultra-libérale et pro-agriculture industrielle, alignée avec les positions des Républicains et de Reconquête : abstention voire opposition à l’interdiction des élevages en cage, opposition à l’interdiction d’importer des trophées de chasse, obstruction sur l’augmentation de l’offre végétarienne en restauration scolaire, opposition à des mesures destinées à réduire les prises de pêche accessoires de dauphins ou encore à la reconnaissance du bien-être animal comme une « condition d’un système alimentaire durable »…

Le Rassemblement national veut maintenir les animaux d’élevage en cage : au Parlement européen, ses membres sont les seul·es élu·es français·es à s’être abstenu·es massivement sur l’interdiction des élevages industriels en cage, mesure heureusement adoptée à une large majorité des eurodéputé·es, tous bords confondus hors extrême droite.
[BONUS] Prétendre rompre avec la politique d’Emmanuel Macron… mais voter quasiment tous ses projets de loi
Le Rassemblement national et ses responsables ont beau se présenter comme les premiers opposants à Emmanuel Macron, dans les faits ils soutiennent massivement la politique du président de la République. Depuis un an, sur les dix projets de loi présentés par le gouvernement, le groupe RN à l’Assemblée nationale en a soutenu neuf !
Le RN et l’UDC s’allient en réalité très fréquemment non seulement aux Républicains, mais aussi à la coalition présidentielle (Horizons, Modem et Ensemble), comme l’a analysé le média indépendant StreetPress. Ces alliances ont ainsi permis de faire passer des mesures anti-écologiques (comme la loi Duplomb) et anti-sociales (comme le durcissement des conditions d’assurance-chômage) ou de bloquer des propositions de justice sociale (refus de donner davantage de moyens contre la délinquance financière et l’évasion fiscale), par exemple.
Ce double jeu et cette imposture sociale de l’extrême droite s’accompagnent par ailleurs de politiques racistes et discriminantes et d’un projet politique profondément xénophobe et réactionnaire, à l’opposé des valeurs de l’écologie, solidaire et ouverte, que nous défendons.
Les 15 et 22 mars, pour les élections municipales, posons-nous les bonnes questions.
Pour la planète, pour nos droits, résistons !
Rejoignez notre appel mondial à résister face à l’alliance entre grandes fortunes, industries polluantes et ultra-conservateurs.
