Liberté d’expression : Greenpeace dénonce les condamnations prononcées par le tribunal correctionnel de Dunkerque

Militantisme, Nucléaire

Le tribunal correctionnel de Dunkerque vient de rendre son jugement dans le procès de 12 activistes de Greenpeace France poursuivis suite à une action sur la centrale nucléaire de Gravelines (Nord).

Chaque activiste a reçu une amende de 800 €, dont 400 € avec sursis pour les personnes n’ayant aucun passif judiciaire.
Greenpeace France est également déclarée coupable et condamnée à une amende de 30 000 €.

Cette décision illustre malheureusement une fois encore une tendance inquiétante à réprimer les défenseuses et défenseurs de l’environnement. Nous regrettons que le tribunal n’ait pas consacré la liberté d’expression et reconnu la légitimité de cette action non-violente symbolique qui alertait sur les dangers du nucléaire et les risques climatiques, pour le bien commun. D’autant plus que, suite à l’action à Gravelines, les activistes avaient déjà subi des mesures dégradantes et excessives de la part des autorités”, souligne Apolline Cagnat, responsable juridique chez Greenpeace France.

Les 12 activistes étaient poursuivis pour intrusion en réunion dans l’enceinte d’une installation civile abritant des matières nucléaires. Lors de l’audience le 23 juin dernier, l’organisation et les prévenu·es avaient plaidé la liberté d’expression.

Cette décision timorée n’a rien de réjouissant et signe la trop grande prudence des magistrats. Certes, le tribunal n’a pas été jusqu’à suivre le parquet sur le quantum de peines requises, mais ces déclarations de culpabilité portent atteinte au respect de la liberté d’expression de militants. Les déclarer coupables est le pire signal qui puisse être donné au combat qu’ils ont le courage de mener”, ajoute Marie Dosé, avocate des activistes de Greenpeace France.

Les activistes de Greenpeace dénoncent une situation ubuesque : la construction par EDF de réacteurs nucléaires sur un polder, ce qui les exposerait à des risques aggravés de submersion marine. Or, la science nous dit que le changement climatique va entraîner des événements climatiques extrêmes plus forts et plus fréquents”, rappelle Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France.

Face à la certitude d’aggravation du dérèglement climatique et l’incertitude quant à sa vitesse et son envergure, EDF et l’État, plutôt que d’exposer la population et l’environnement à un risque dont ils ne peuvent assurer la maîtrise, devraient appliquer un principe de précaution en renonçant à ces projets dangereux de construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Il y a quelques semaines, quatre unités de la centrale de Gravelines ont été mises à l’arrêt par… des méduses dans les stations de pompage de l’eau. EDF a communiqué sur un événement “imprévisible” alors que la prolifération des méduses est documentée dans les conséquences du dérèglement climatique.

Si EDF n’est même pas en capacité de prévoir la prolifération des méduses alors que la réalité du changement climatique est un fait avéré, envisager à Gravelines la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2) dans des zones soumises à des risques de submersion marine et d’inondations est tout simplement une aberration que nous continuerons à dénoncer”, ajoute Pauline Boyer.

Notes aux rédactions

Le 23 juin, le parquet avait requis respectivement pour les activistes sans antécédents, avec antécédents et pour un activiste en récidive : trois, cinq et six mois d’emprisonnement avec sursis, ainsi que 1 000 € d’amende chacun (dont 500 € avec sursis) et trois ans d’interdiction de territoire sur la commune de Gravelines. Aucune peine n’a été requise par le parquet à l’encontre de Greenpeace France.
La société EDF demandait 375 090 € de préjudice matériel, 500 000 € pour préjudice moral et 15 000 € de frais d’avocat. EDF exigeait donc 890 090 € à Greenpeace France et aux 12 activistes, invoquant, lors du procès, la volonté de dissuader l’ONG de réaliser des actions non-violentes de désobéissance civile dans le périmètre des centrales nucléaires.