Gravelines : l’avis accablant de l’ASNR remet en cause les EPR2

Nucléaire

La Direction de l’expertise en sûreté de l’ASNR, autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection, vient de rendre public un avis d’expertise accablant sur le projet d’EDF sur la centrale de Gravelines.

Aux risques déjà identifiés de submersion et d’inondations de la centrale s’ajoute désormais le risque de tassements et de liquéfaction du sol. Censé soutenir le poids des nouveaux réacteurs EPR2, le sol présente des “caractéristiques mécaniques médiocres”, posant un défi technique sans précédent concernant la robustesse des fondations dans le temps et face aux aléas sismiques pouvant compromettre la sûreté nucléaire.

Cet avis implacable de l’ASNR est une nouvelle preuve que les critères de choix des sites de construction de nouveaux réacteurs EPR2 sont largement questionnables. Après avoir sous-estimé les risques climatiques, EDF sous-estime le risque de construire une infrastructure si dangereuse sur un sol aussi inadapté”, souligne Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. “Cela démontre une nouvelle fois la précipitation d’EDF qui fonce tête baissée dans ses projets de construction de nouveaux réacteurs à Gravelines.

Un avis implacable 

Dans cet avis datant du 23 juillet dernier, l’ASNR recale sévèrement la copie d’EDF sur sa première étude de renforcement du sol sur le site Gravelines, considérant que l’approche retenue par EDF n’est pas suffisamment robuste, l’enjoignant à préciser les enjeux de sûreté relatifs au renforcement de sol, à mener de nouvelles études et à mettre en place d’un dispositif de suivi dans le temps.

L’avis estime que le renforcement envisagé du sol du site de Gravelines constitue “un défi technique majeur” et que le système proposé par EDF est  “d’une ampleur sans précédent, d’une grande complexité et sans retour d’expérience représentatif en France et à l’international”.

➡️ Greenpeace a produit un document analysant les principaux éléments listés par l’ASNR

Télécharger l’analyse de Greenpeace France

Un coup dur pour EDF 

La centrale nucléaire de Gravelines, construite sur un polder, est censée accueillir deux nouveaux réacteurs (EPR2) dans le cadre du plan de relance du nucléaire.

Il y a un an, Greenpeace publiait un rapport qui, à travers un travail de cartographie projetant la montée des eaux sur le territoire de Gravelines jusqu’à la fin de la durée de vie des réacteurs, démontrait qu’en 2100 et 2120, l’ensemble du site de la centrale de Gravelines pourrait se retrouver temporairement sous le niveau de la mer.

“ Le projet de construction de nouveaux réacteurs EPR2 à Gravelines, le “château de sable en bord de mer” d’EDF, s’enlise déjà dans les sables mouvants. Il est temps qu’EDF prenne la décision la plus raisonnable : arrêter de vouloir construire à tout prix des réacteurs, d’autant plus sur un site aussi vulnérable et inadapté, et investir cet argent dans sa filière renouvelable”, ajoute Pauline Boyer.

Les difficultés et incertitudes de ce projet de chantier nucléaire interfèrent entre elles, au cœur d’une zone cumulant les risques (submersion, inondation, inadaptation du sol, évènements climatiques extrêmes…). La plateforme de 11 mètres sur laquelle seraient juchés les EPR2 pour tenter de les protéger face aux risques de submersion et d’inondations (ce que Greenpeace remet toujours en question) rend la tâche encore plus difficile.

Après les déboires du béton destiné à la construction du futur EPR2 de Penly, c’est encore une fois une preuve de l’amateurisme d’EDF à vouloir construire des EPR2 dans des zones inadaptées sans avoir au préalable réalisé d’analyse de risques robuste.