Glyphosate : Greenpeace s’indigne de son renouvellement et appelle à un sursaut du gouvernement français

Agriculture

Alors que les Etats membres de l’Union européenne (UE) n’ont pas réussi à s’entendre sur la réautorisation du glyphosate, la Commission européenne va renouveler pour 10 ans l’autorisation de cet herbicide. Greenpeace France s’indigne contre cette décision et dénonce un déni de la science : si la décision est confirmée, la Commission n’aura pas suivi les nombreux avis des scientifiques au sujet des probables effets négatifs sur la santé humaine et l’environnement.

C’est un vrai coup dur, non seulement pour l’agriculture et l’environnement mais aussi pour la santé humaine, alerte Ariane Malleret, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France. Une fois de plus, la Commission européenne préfère se ranger du côté des lobbys de l’agrochimie plutôt que de suivre les avis scientifiques, d’appliquer le principe de précaution et d’assumer l’interdiction de ce pesticide. L’abstention de la France à ce vote et son manque de courage ne sont pas acceptables. Si la réautorisation est confirmée, nous appelons Emmanuel Macron à tenir ses promesses et à interdire sans ambiguïté sur le territoire français l’utilisation de cet herbicide mortifère pour les humains, l’environnement et la biodiversité.

Une agriculture sans glyphosate est possible et existe d’ores et déjà : de nombreux agriculteurs et agricultrices n’utilisent pas cet herbicide, notamment en agriculture biologique dont le cahier des charges proscrit l’utilisation des pesticides de synthèse.

Le glyphosate est la béquille d’un modèle agricole à bout de souffle, poursuit Ariane Malleret. Il est aujourd’hui nécessaire de mettre en place des politiques publiques fortes pour soutenir et accompagner les agriculteurs et agricultrices vers la sortie du glyphosate. Celle-ci doit aller de pair avec une transformation profonde de nos systèmes agricole et alimentaire afin de ne plus dépendre des intrants chimiques.

Pour rappel, de nombreuses études scientifiques pointent les risques liés à cette substance :

  • Dès 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate « cancérogène probable » pour les humains [1].
  • En 2021, l’Inserm a conclu que le glyphosate « semble présenter » des propriétés de perturbation endocrine [2].
  • Début septembre 2023, une nouvelle étude a mis en évidence le lien entre l’exposition au glyphosate et un marqueur biologique de dégâts neurologiques [3].
  • En octobre dernier, la Commission d’indemnisation des enfants victimes d’une exposition prénatale aux pesticides a rendu un avis qui établit, pour la première fois en France, un lien de causalité entre malformations et exposition prénatale au glyphosate [4].

De même, un récent rapport de Générations Futures a révélé d’importantes différences d’analyse entre la recherche médicale française (Inserm) et les agences d’évaluation européennes (EFSA et ECHA). Les avis rendus par ces agences réglementaires ne prennent pas en compte un certain nombre d’études scientifiques sur les effets négatifs du glyphosate, notamment sur la reproduction humaine [5].

 

Notes aux rédactions :
[1] Voir l’avis du CICR / OMS
[2] Etude de l’Inserm (2021)
[3] Etude publiée dans Nature (septembre 2023)
[4] Voir cet article de France Info sur l’avis de la Commission d’indemnisation des enfants victimes d’une exposition prénatale aux pesticides (octobre 2023)
[5] Rapport de Générations Futures (septembre 2023)