De quels minerais parle-t-on ?
Les technologies liées à la production d’énergies renouvelables et à la fabrication des véhicules électriques vont jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique. Ces technologies dépendent de matières premières clés, telles que le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre, le manganèse, le graphite et les terres rares.
Ces matériaux sont souvent appelés « minerais critiques » en raison de leur importance stratégique pour les intérêts nationaux, ou « minerais de transition » en raison de leur rôle dans la transition énergétique.
Où les trouve-t-on ?
Même si ces minerais se trouvent un peu partout sur la planète, certains pays concentrent l’essentiel des réserves, en fonction de leur géologie et des coûts d’extraction. Voici les principaux pays, classés par ordre décroissant en fonction du volume de leurs réserves :
- Lithium : Chili, Australie, Argentine
- Cobalt : République démocratique du Congo (RDC), Australie, Indonésie
- Nickel : Indonésie, Australie, Brésil
- Cuivre : Chili, Pérou, Australie
Les minerais critiques sont principalement achetés en dehors de l’Union européenne. Cette dernière ne sera jamais autosuffisante, d’où l’importance aujourd’hui de diversifier ses approvisionnements.
Quels sont les risques pour les populations et l’environnement ?
L’extraction de ces minerais dits critiques a des conséquences lourdes sur un plan humain et écologique. En voici quelques exemples :
- En Kanaky (Nouvelle-Calédonie), l’exploitation du nickel pose de graves questions environnementales et financières.
- En Amérique du Sud, l’extraction du lithium consomme des millions de litres d’eau dans la région de la cordillère des Andes déjà sujette à la sécheresse, affectant les peuples autochtones.
- En RDC, l’exploitation du cobalt se fait souvent sans mesures de sécurité, provoquant des accidents mortels et de graves problèmes de santé dans un contexte où l’est du pays est en proie à des violences depuis près de trois décennies.
- En Indonésie, l’extraction et le traitement du nickel sont source de déforestation, de pollution des eaux côtières, et de violations des droits des peuples autochtones et des travailleurs et travailleuses. En juin, à la suite d’une enquête de Greenpeace alertant sur les dégâts environnementaux liés à cette industrie en Papouasie occidentale, le gouvernement indonésien a suspendu quatre des projets miniers en cours dans l’archipel de Raja Ampat. Dans un autre archipel, celui des Moluques du Nord, les mines du groupe français Eramet mettent en danger des forêts millénaires et leurs habitants. Fin novembre 2025, deux représentants du peuple autochtone Hongana Manyawa ont quitté pour la première fois leur île natale pour venir manifester à Paris devant le siège du groupe minier.
- À l’échelle mondiale, l’exploitation du cuivre génère des déchets miniers stockés dans des bassins de décantation, qui doivent être gérés avec soin pour éviter catastrophes et pollutions.

Des activistes de Greenpeace Indonésie manifestent contre l’exploitation du nickel sur l’île de Manyaifun, province de Papouasie du Sud-Ouest, Indonésie.
Mai 2025 © Nita / Greenpeace
Que peut-on faire ?
Certaines études prévoyant une forte augmentation de la demande en minéraux de transition dans les années à venir servent d’argument pour justifier une intensification de l’exploitation. Cependant, adopter des solutions moins gourmandes en minerais peut permettre de limiter l’extraction tout en assurant la croissance des énergies renouvelables.
Nous devons faire pression sur les gouvernements et les industries pour qu’ils adoptent des politiques, des pratiques et des solutions visant à réduire la demande tout en minimisant les impacts de l’exploitation.
Ces changements nécessitent d’aller au-delà de l’action climatique, en orientant les investissements vers des solutions qui nécessitent moins de minerais, comme les transports publics électriques, des technologies plus efficaces, et le développement de la réutilisation et du recyclage des matériaux. En outre, la sobriété énergétique doit également être un objectif que les gouvernements doivent se fixer.
Quelles sont les solutions pour réduire le besoin d’exploitation minière ?
Face aux problèmes liés à l’extraction et à l’utilisation des minerais de transition, quatre solutions clés peuvent limiter le besoin d’exploitation :
- Sobriété – Garantir des conditions de vie décentes pour tous et toutes, tout en réduisant l’usage d’énergie et de ressources au niveau mondial après avoir défini et quantifié nos besoins à venir.
- Efficacité – Investir pour que les technologies puissent faire autant, voire davantage, en utilisant moins de minerais.
- Substitution – Réduire ou éliminer l’usage de certains minerais en recourant à d’autres technologies ou sources d’énergie.
- Recyclage – Réduire de manière significative les impacts environnementaux et sociaux en recyclant au maximum.

Le projet d’exploitation minière du port de Dominga, évalué à 2,5 milliards de dollars, devait être installé dans l’ensemble des huit îles qui forment l’archipel de Humboldt, au Chili. Cependant, il a été arrêté suite à la pression de la société civile et des communautés locales. Port de Dominga, Santiago, Chili.
Janvier 2023 © Greenpeace / Cristobal Olivares
Cinq principes directeurs pour une transition énergétique juste
Greenpeace a défini cinq grands principes pour garantir une transition énergétique juste et équitable, adaptable aux contextes locaux :
- Respecter l’objectif de 1,5 °C : nous devons rester dans les clous de l’objectif de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. L’utilisation des minerais doit servir en priorité à une transition énergétique rapide et écologique, et non à des usages non essentiels (comme l’armement).
- Promouvoir des solutions justes et équitables : la justice et l’équité pour les personnes et l’environnement doivent guider chaque étape de l’exploitation des matériaux, depuis la réduction de la demande en minerais jusqu’au recyclage.
- Réduire la demande : en adoptant les concepts de sobriété (réduire les besoins en ressources) et d’efficacité (utiliser ces ressources de manière plus efficace).
- Donner la priorité aux matériaux déjà extraits : le recyclage des batteries usagées, des déchets de production, des équipements électroniques et des rebuts industriels permet de réduire fortement les impacts environnementaux et sociaux de l’exploitation minière. Un rapport publié par Greenpeace en 2023 démontre par ailleurs que l’utilisation des nodules polymétalliques présents dans les grands fonds marins n’est pas indispensable à la transition énergétique.
- Protéger les zones sensibles et les droits des peuples autochtones et des communautés locales : malgré les nombreuses initiatives visant à améliorer les pratiques minières, cette industrie continue de représenter un risque important pour les populations et l’environnement. Trois exigences sont proposées :
5.1 Définir des zones « interdites », c’est-à-dire les zones où l’exploitation minière ne doit pas avoir lieu.
5.2 Respecter les droits des peuples autochtones et des communautés locales
5.3 Exiger des entreprises qu’elles agissent de manière responsable en prévenant et atténuant les dommages environnementaux et en respectant les droits humains.
Sur notre territoire, toute ouverture de mine doit impérativement s’accompagner d’un ensemble de mesures pour prévenir et limiter les impacts environnementaux et sociaux négatifs et doit en amont faire l’objet d’un débat informé et éclairé avec la population et toutes les parties prenantes (CNDP). Il convient également de s’assurer d’une juste répartition de la valeur entre l’entreprise, les salarié·es et le territoire.
Lire notre rapport complet sur les minerais critiques (en anglais).