Après le scandale de la vente en ligne d'armes et de poupées pédo-pornographiques, suivi de l'ouverture polémique d'une boutique à Paris, Shein ajoute en cette “black week” une nouvelle ombre à son tableau déjà bien noir. Des analyses effectuées par Greenpeace Allemagne révèlent que des vêtements et chaussures vendus dans le monde entier par le géant chinois contiennent des concentrations de produits chimiques dangereux supérieures aux normes européennes. Y compris des articles pour enfants.

Économie et social - Toxiques

Black Friday : Shein noircit encore son tableau

Après le scandale de la vente en ligne d’armes et de poupées pédo-pornographiques, suivi de l’ouverture polémique d’une boutique à Paris, Shein ajoute en cette “black week” une nouvelle ombre à son tableau déjà bien noir. Des analyses effectuées par Greenpeace Allemagne révèlent que des vêtements et chaussures vendus dans le monde entier par le géant chinois contiennent des concentrations de produits chimiques dangereux supérieures aux normes européennes. Y compris des articles pour enfants.

Des niveaux jusqu’à 3269 fois supérieurs aux normes

Veste SHEIN

Cette veste de pluie pour femme contenait un niveau de PFAS 3269 fois supérieur à la limite européenne.
© Fred Dott / Greenpeace

Entre mai et juin 2025, Greenpeace a acheté 56 articles Shein (bottes, baskets, sandales, robes, t-shirts, chemises, vestes imperméables…), dont 17 articles pour enfants. Les commandes ont été passées depuis huit pays différents (Allemagne, Autriche, Espagne, Israël, Portugal, Suède, Suisse et Thaïlande). Ils ont ensuite été envoyés pour analyse dans un laboratoire accrédité et indépendant en Allemagne. 
 
Résultats : sur les 56 articles testés, 18 (soit 32 %) contenaient des niveaux de substances chimiques dangereuses supérieurs aux limites fixées par la réglementation européenne, y compris trois articles pour enfants. Parmi ces substances, deux sont particulièrement préoccupantes : les phtalates et les PFAS. Au total, 14 articles présentaient une concentration en phtalates supérieure à la limite européenne, et sept pour les PFAS.

Laboratory Tests of SHEIN Textiles in Germany with Influencer Bianca Heinicke.

Ces chaussures pour enfants contenaient des niveaux de phtalates 55 fois supérieurs à la limite européenne.
© Florian Manz / Greenpeace

Les per- et polyfluoroalkylés (PFAS), utilisés pour rendre les vestes imperméables et résistantes aux taches, et les phtalates, utilisés comme plastifiants dans les chaussures, sont associés à plusieurs dangers pour l’environnement et pour notre santé (cancers, troubles de l’appareil reproducteur et de la croissance chez les enfants, affaiblissement du système immunitaire…). Certaines molécules présentent des risques d’un bout à l’autre de la chaîne, de la production jusqu’à la mise au rebut des articles :
 

  • Pour les pays producteurs, où les travailleurs et travailleuses peuvent y être exposés sans protection et où le rejet de certaines particules dans les cours d’eau et les sols peut contaminer l’environnement.
  • Pour les pays importateurs, où les consommatrices et consommateurs peuvent également être exposés par le contact direct de la peau, par l’inhalation de fibres textiles présentes dans l’air et, dans le cas des bébés et des enfants, par exposition orale lorsqu’ils mettent les articles à la bouche. Ces substances chimiques dangereuses peuvent également se retrouver dans l’environnement lors du lavage, pour finalement atteindre les rivières et la chaîne alimentaire.
  • Pour les pays vers lesquels nous envoyons nos textiles en fin de vie, et qui croulent sous nos montagnes de déchets.

Lire le rapport intégral (en anglais)

Shein en état de récidive

Un jeune homme tient une banderole "stop fast fashion" sur une plage recouverte de déchets textiles au Ghana.

“Mettons fin à la fast fashion”. Le Ghana importe chaque année près de 120 000 tonnes de textiles usagés, causant une contamination de l’environnement à grande échelle.
© Kevin McElvaney / Greenpeace

Ce n’est pas la première fois que Greenpeace épingle Shein pour son non-respect de la directive européenne REACH, qui réglemente l’utilisation des produits chimiques. Déjà en 2022, un premier rapport d’analyse dénonçait la présence dans des articles du géant chinois de substances chimiques dangereuses dépassant les limites européennes.
 
Depuis, la plateforme a annoncé à plusieurs reprises avoir renforcé son système de gestion et de documentation des produits chimiques qu’elle et ses fournisseurs utilisent. Certains des produits incriminés ont été supprimés de la plateforme de vente en ligne. Trois ans plus tard, des produits similaires ont été remis à la vente, et force est de constater que les annonces de la marque sont restées sans effet puisque certains des produits testés en 2025 ne devraient tout simplement pas être disponibles sur le marché européen. Cela montre qu’on ne peut pas compter sur le seul bon vouloir des entreprises pour qu’elles fassent passer notre santé et notre environnement avant leurs profits. Il est donc nécessaire que le législateur intervienne.
 

Ce que demande Greenpeace

Atelier de réparation de textiles.

Atelier de réparation et de vente de vêtements de seconde main organisé par Greenpeace Allemagne à Hambourg.
© Joerg Modrow / Greenpeace

Pour préserver la santé de la planète, et celle de ses habitantes et habitants, Greenpeace demande aux gouvernements du monde entier d’adopter des lois anti-fast fashion exhaustives, qui comprendraient toute une série de mesures visant à limiter l’impact nocif de la surconsommation de produits textiles (taxes pour les producteurs, interdiction de la publicité y compris sur les réseaux sociaux, soutien à l’économie circulaire, à la réparation et au recyclage…). Il s’agit également de s’assurer du retrait de la vente des articles qui ne respectent pas la réglementation européenne sous peine de suspension de ces plateformes.
 
En France, une loi anti-fast fashion bien molle a été votée par le Sénat en juin 2025, et on attend toujours son adoption finale en commission mixte paritaire. L’ouverture récente d’une boutique Shein au BHV de Paris, et les ouvertures à venir dans plusieurs villes de province, ont ravivé la nécessité d’obtenir une loi forte. Pour la coalition “Stop fast fashion”, l’implantation de ces boutiques n’est rien d’autre qu’une tentative de la plateforme chinoise de légitimer sa présence dans le seul pays au monde à tenter de se doter d’une loi anti-fast fashion. Ce collectif demande également à la commission mixte paritaire d’adopter rapidement une loi ambitieuse et exhaustive.
 

La riposte s’organise !

Protest against Fast Fashion at Brandenburg Gate, Berlin.

Manifestation des militantes et militants de Greenpeace Allemagne contre la fast fashion, en octobre dernier à Berlin.
© Verena Brüning / Greenpeace

Outre les problèmes de santé publique et les dommages environnementaux, le modèle de Shein, qui consiste à produire toujours plus, toujours plus vite et toujours moins cher, cause aussi des dégâts sociaux dans les pays consommateurs. Dans une riposte inédite, 100 marques et 10 fédérations en France viennent ainsi d’attaquer en justice la plateforme chinoise pour “concurrence déloyale”. 
 
Les villes de province sur lesquelles Shein a jeté son dévolu ne sont pas en reste. Ainsi, à Dijon, nos militantes et militants ont protesté contre une ouverture d’un magasin Shein. Et un collectif a lancé cette pétition en ligne contre l’implantation de Shein à Grenoble. Soutenez-les en ajoutant votre voix ! 
 

À noter aussi que la dangerosité des jouets en vente sur des plateformes comme Shein vient d’être dénoncée par la Fédération européenne et française des jouets…

Alors, à l’occasion de cette “black week”, et à l’approche des fêtes de fin d’année, nous devons tous et toutes nous demander s’il est souhaitable – aussi bien pour notre santé, nos emplois et notre environnement – , de continuer à produire, consommer et jeter plus vite que ce que la planète peut supporter.

Retrouvez nos conseils pour une mode éthique et responsable.