Amazonie : urgence pour les Mundurukus

 

Les Mundurukus en lutte pour leurs droits au Brésil

La bataille pour l’Amazonie n’est pas terminée

Plusieurs projets de construction de méga-barrages sont encore prévus dans la forêt amazonienne. Ces ouvrages pourraient inonder des zones forestières, détruire l’habitat des peuples autochtones et anéantir une biodiversité exceptionnelle. Grâce à la mobilisation de plus d’un million de citoyen-ne-s à travers le monde, la construction d’un premier barrage a été annulée : celui de de São Luiz do Tapajós. S’il avait vu le jour, une zone grande comme New York aurait été inondée et des centaines de Mundurukus auraient été arrachés à leurs terres ancestrales et nourricières, forcés à l’exil.

Le fleuve Tapajos, en Amazonie brésilienne

L’annulation de ce méga-barrage est une victoire importante et envoie un signal fort. Pour autant, le territoire des Mundurukus n’a toujours pas été officiellement reconnu par le gouvernement, alors que c’est une revendication légitime et essentielle. Cet été, Greenpeace était à leurs côtés pour une grande activité de démarcation, afin de commencer à matérialiser le contours de leurs terres – et de leurs droits – dans l’optique de les rendre à l’avenir inviolables.

Le gouvernement brésilien doit protéger les Mundurukus

Aujourd’hui, la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) , l’organisme brésilien chargé de traiter et de mettre en œuvre les politiques concernant les peuples indigènes présents sur le territoire, doit rendre sa décision sur la reconnaissance officielle du territoire des Mundurukus. Peu de temps après, c’est le ministre brésilien de la Justice qui décidera s’il suit ou non la FUNAI dans ses recommandations. C’est donc de lui dont dépend, en dernier ressort, le sort du peuple munduruku.

Cleudivaldo Karo Munduruku, pêcheur, à l’œuvre dans la rivière Tapajos

A travers le monde, nous avons déjà obtenu près d’1,5 million de signatures en soutien aux Mundurukus, dont près de 90 000 en France. Ce soutien international est primordial car il accroît la pression sur le gouvernement brésilien et permet à Greenpeace de parler d’une voix forte auprès des ambassades, y compris en France. C’est pourquoi nous vous invitons à signer le manifeste, si vous ne l’avez pas encore fait, et à le partager massivement auprès de vos proches.

Recrudescence inquiétante des violences

Cette mobilisation est d’autant plus importante que l’Amazonie, malgré de nombreux progrès obtenus ces dernières années grâce à Greenpeace, comme le moratoire sur la culture de soja ou l’accord sur l’élevage, n’est pas sortie d’affaire. En effet, les derniers chiffres montrent que la déforestation est repartie à la hausse (EN) l’an dernier dans le poumon de la planète, alors même que l’Accord de Paris enjoint à tous les gouvernements de protéger les forêts, ressource essentielle pour lutter contre les changements climatiques.

Le peuple Munduruku excelle dans l’art du tir à l’arc.

En outre, la question de la reconnaissance des droits territoriaux charrie avec elle l’enjeu tragique des violences entre peuples indigènes et fermiers locaux. 137 membres de communautés autochtones (EN) ont été tués au Brésil l’année dernière – un chiffre en hausse. Le non-droit qui imprègne ces zones et l’absence de règle commune et légitime entraînent par voie de conséquence des affrontements meurtriers où prévaut la loi du plus fort.

L’ONU elle-même s’est inquiétée, dans un récent rapport, de la régression des droits des peuples indigènes en cours au Brésil. Seule la reconnaissance de ces droits fonciers par les autorités politiques permettra de mettre un terme à ces violences dramatiques.