Préservation de la biodiversité : les États doivent accélérer la cadence

 

Préserver ce qui nous protège

Cette année, les chefs d’États des 196 pays signataires vont avoir du pain sur la planche puisqu’ils vont faire le point sur les actions mises en œuvre par chacun d’entre eux pour atteindre les objectifs d’Aichi fixés en 2010, pour la période 2011 – 2020.

Un albatros juvénile prêt au décollage dans les eaux glacées de l’océan Austral (Antarctique)

Le maintien de la diversité biologique est crucial pour la sauvegarde de notre planète et de ses habitants. Toutes les menaces qui pèsent sur elle, tout ce qui met en danger la résilience de la faune et de la flore, doit être contrecarré.

La CDB a marqué un tournant historique au sein du droit international. Elle a permis de reconnaître pour la première fois la biodiversité comme étant une “préoccupation commune pour l’ensemble de l’humanité” et une partie intégrante au processus de développement des États.

Aujourd’hui, la biodiversité s’effondre à un rythme effréné : par rapport à 1970, deux tiers des espèces animales pourraient avoir disparu d’ici à 2020 si nous ne faisons rien. Il faut agir vite et fort.

Aichi 2020 : 20 objectifs pour la diversité biologique

En 2010, lors de la 10e Conférence des parties qui s’est tenue à Nagoya, les chefs d’États se sont mis d’accord sur un cadre global qui devait permettre de préserver la diversité biologique.

Les membres de la CDB se sont ainsi engagés à protéger au moins 10% des aires marines d’ici à 2020. Sauf qu’aujourd’hui, six ans après la définition de ces objectifs, seuls 3% des océans bénéficient d’un statut de protection et seulement 1% sont réellement et effectivement protégés.

Malgré une année 2016 très prometteuse pour les océans, avec notamment la création en Antarctique de la plus grande aire marine protégée, cela reste largement insuffisant.

Paysage de forêt intacte en Russie.

Par ailleurs, les États s’étaient engagés à lutter contre la dégradation des forêts et la déforestation. L’objectif 5 d’Aichi précise que “d’ici à 2020, le rythme d’appauvrissement de tous les habitats naturels, y compris les forêts, [devra être] réduit de moitié au moins et si possible ramené à près de zéro, et la dégradation et la fragmentation des habitats [devront être] sensiblement réduites”, et l’objectif 15 prévoit la restauration d’au moins 15% des écosystèmes critiques dégradés, comme les forêts, notamment en raison de leur capacité à stocker de grandes quantités de carbone

Les pays membres semblent faire preuve de bonne volonté mais dans les faits ils manquent clairement d’ambition. Des forêts particulièrement précieuses pour la biodiversité et le climat subissent des dégradations quotidiennes et sont aujourd’hui encore déboisées.

Les forêts du Grand Nord par exemple, qui s’étendent de la côte Pacifique russe au Canada en passant par le massif de l’Oural en Scandinavie, sont victimes d’une exploitation forestière hors de contrôle. Bien que séparée par l’océan, cette immense superficie forestière ne forme qu’un seul écosystème.

Cette couronne de verdure est également habitée par de nombreuses communautés autochtones dont le mode de vie dépend du bien-être de cette forêt. Il en est de même pour des variétés de plantes endémiques et de nombreuses espèces animales, comme le tigre de Sibérie, le lièvre d’Amérique ou le caribou de Peary, aujourd’hui menacées d’extinction – parmi bien d’autres.

Greenpeace demande la protection des forêts du Grand Nord et une réduction drastique des dégradations de cet écosystème unique, qui permet non seulement de lutter contre les dérèglements climatiques, mais aussi de préserver globalement la diversité biologique de la planète.

 

 

Il ne reste plus que quatre ans pour que les gouvernements atteignent les objectifs d’Aïchi. Pour l’instant, cela semble fortement compromis. Ils vont devoir faire preuve d’honnêteté et de courage politique pour que ces objectifs, qu’ils se sont eux-mêmes fixés, soient atteints. Car il n’est plus temps de faire dans la demi-mesure. Si on ne freine pas la perte de diversité biologique, des plantes et des animaux indispensables à la planète continueront de disparaître, et nous pourrions bien être les prochains sur la liste.