Nucléaire sous perfusion : Greenpeace porte plainte

Une recapitalisation destinée au financement de deux EPR à Hinkley Point

La centrale d’Hinkley Point en Angleterre, dans le Somerset (septembre 2016).

La plainte de Greenpeace vise à dénoncer l’incompatibilité des augmentations de capital d’EDF avec les règles européennes relatives à la concurrence. Dans le cadre de l’augmentation de capital bouclée en mars 2017, l’État a injecté trois milliards d’euros dans les caisses d’EDF. De plus, depuis 2015, l’État français a choisi l’option de paiement de ses dividendes en actions, et non en numéraire, ce qui représente à ce jour un montant de 3,8 milliards d’euros accordés à EDF. L‘État français a donc transfusé 6,8 milliards d’euros à EDF, sans aucune garantie d’assainissement des finances de l’entreprise en contrepartie, alors qu’elle est endettée à hauteur de 75 milliards d’euros.

Au vu des déclarations d’EDF et de l’État de ces 12 derniers mois, ainsi que des documents financiers de l’entreprise, cette augmentation de capital a surtout été orchestrée pour faciliter le financement du projet de construction de deux EPR à Hinkley Point, au Royaume-Uni. Un projet à haut risque, pour lequel l’entreprise devra débourser 16 milliards d’euros alors qu’elle n’a déjà pas les moyens d’investir dans le maintien de la sûreté du parc nucléaire français, ni dans les renouvelables.

Résumons : au lieu de se comporter comme un investisseur avisé, l’État apporte un soutien inconditionnel à EDF et à ses projets nucléaires qui mettent à mal la santé financière de l’entreprise, comme celui d’Hinkley Point. Il n’y a là aucune logique économique.

Une stratégie nucléaire qui plonge EDF dans l’instabilité la plus totale

Avec Hinkley Point, EDF mise sur un projet complètement incertain, tant en raison de la compétitivité des énergies renouvelables qui ne cesse d’augmenter outre-manche qu’en raison des graves difficultés techniques rencontrées sur les chantiers EPR d’EDF et d’AREVA à Flamanville et à l’étranger.

Une trentaine d’activistes bloque le siège d’EDF, à Paris (décembre 2016). EDF doit changer de stratégie industrielle pendant qu’il est encore temps.

Par le passé, EDF a déjà procédé à des investissements dans des projets nucléaires qui ont creusé sa dette et n’ont pas apporté de richesse : le rachat de Constellation aux États-Unis (acheté 5,3Mds€ en 2008-2009, déprécié de 1,9Md€ depuis) ou encore celui de British Energy au Royaume-Uni (acheté 15,8 Mds€ en 2008, déprécié de 2Mds€ depuis).

Pourtant, les dirigeants d’EDF s’entêtent à investir dans des projets nucléaires, s’accrochant à l’illusion du renouveau de la filière française. Le nucléaire a plombé les finances de l’entreprise qui se trouve aujourd’hui dans une impasse financière avec une dette faramineuse qu’elle ne peut rembourser et un mur d’investissements qu’elle ne peut financer.

A la veille de l’Assemblée générale d’EDF, notre message est clair : l’État ne peut plus cautionner les choix absurdes d’EDF. Quant aux dirigeants du groupe, ils doivent préserver son équilibre financier, les emplois et le service public, plutôt que de tenter de sauver le nucléaire à tout prix.