Climat

Nicolas Sarkozy annoncerait un 2e EPR en France. Greenpeace préfère ne pas y croire…

Greenpeace tient à exprimer ses plus vives inquiétudes suite à la rumeur, lancée par Le Parisien le 24 juin et reprise le 2 juillet dans Les Échos, selon laquelle Nicolas Sarkozy, en visite jeudi 3 juillet au Creusot, annoncerait la construction d’un deuxième réacteur nucléaire de type EPR sur le territoire français.

En attendant un démenti de l’Élysée, Greenpeace continue d’espérer que la rationalité économique, industrielle, énergétique et environnementale va prévaloir, et que la parole donnée par le président de la République lors du Grenelle de l’environnement a encore une valeur.

La mort du Grenelle
Par une telle annonce, absurde et unilatérale, Nicolas Sarkozy nierait l’exercice inédit de démocratie participative, ce fameux « dialogue à cinq » qu’il a lui-même tant vanté, alors que les engagements du Grenelle peinent à se concrétiser. « Nous préférons ne pas croire que serait ainsi bafouée la feuille de route énergétique décidée lors du Grenelle et qui fait une priorité absolue des économies d’énergie et du développement des renouvelables, déclare Yannick Jadot, de Greenpeace France. Il est très clair que si Nicolas Sarkozy confirmait son intention de construire un deuxième EPR, il signerait la mort du Grenelle de l’environnement. »

Une absurdité énergétique
« Face à l’envolée des prix de l’énergie liée au pétrole et aux conséquences sociales dramatiques, et dans un contexte de crise budgétaire, comment accepter que le président de la République fasse un cadeau de plus de 3 milliards d’euros à Areva au lieu d’investir au service des Français ? », s’interroge Yannick Jadot.
Pourquoi investir dans le nucléaire, alors qu’il existe des solutions plus efficaces, plus économiques, plus sûres et plus rapides ? La première consiste à mettre en œuvre une politique ambitieuse d’efficacité énergétique. Isolation des logements, limiter les consommations des voitures, favoriser les produits énergétiquement efficaces, etc. : de telles mesures répondent à la fois aux enjeux des changements climatiques, de la sécurité énergétique et du pouvoir d’achat des Français.
« On ne sait même pas combien coûte un EPR, vendu pour plus de 3 milliards d’euros mais dont le prix est en train de doublé en Finlande, affirme Yannick Jadot. En revanche, on sait qu’un euro investi dans l’efficacité permet d’économiser sept fois plus d’énergie qu’un euro investi dans le nucléaire n’en produit. »

Une improvisation industrielle
Le nucléaire ne peut pas se substituer au pétrole et le parc nucléaire français est déjà en surcapacité. L’entreprise EDF elle-même estime publiquement que la France n’a pas besoin de nouveau réacteur nucléaire avant 2020. Deux EPR sont en construction dans le monde. Le premier, en Finlande, entamé en 2005, affiche un dépassement budgétaire global de 1,3 à 2,2 milliards d’euros (pour un prix initial de 3,3 milliards) et se sera terminé qu’avec deux ans de retard au moins (2011 et non 2009). Sur le second, à Flamanville (Manche), les travaux ont été suspendus durant plus d’un mois sur ordre de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), suite à de nombreuses malfaçons et anomalies répétées dans les travaux de bétonnage.

« Si le président de la République cherche à trouver une issue honorable à l’épineux dossier ArcelorMittal, Greenpeace a bien d’autres solutions à lui proposer, conclut Yannick Jadot. Aujourd’hui, les seules industries énergétiques qui se développent sont celles des renouvelables. Pourquoi ne pas dédier le site du Creusot à ces énergies du futur ? »