Méga mine d’or en Guyane : les forêts tropicales françaises en danger

Montagne d’Or : déforestation et pollution environnementale garanties

Pollution des cours d’eau, boues toxiques, déchets dangereux : un impact local catastrophique

L’exploitation minière est une des activités industrielles les plus polluantes au monde, alors qu’extraire de l’or est une aberration : seul 8% de l’or extrait va au secteur industriel, tandis qu’une grande partie est stockée dans des coffres de banque. En 2015, le recyclage a fourni 3 fois plus d’or que les besoins industriels.

Pour le projet “Montagne d’Or”, 300 à 400 milliards de litres de boues contaminées par la cyanuration seront stockées en digue, avec des risques d’effondrement et de catastrophe industrielle. Selon le collectif Or de Question, qui fédère les associations mobilisées contre l’exploitation, 25 ruptures de digue accidentelles ont eu lieu dans le monde depuis 2000. C’est par exemple ce qu’il s’est passé en 2015 au Brésil, où 800 km des rives du fleuve Rio Docé ont été ravagées. On a qualifié cet accident de “Fukushima brésilien”.

Au-delà d’un effondrement des digues de déchets miniers, leur lessivage pourrait contribuer à la contamination progressive de la zone. Le cyanure et les métaux lourds (mercure, plomb, cadmium, arsenic…) rejetés lors de l’extraction de l’or vont polluer les cours d’eau et les nappes phréatiques. Les conséquences sur la santé des populations locales seront désastreuses : les 3 500 mines de l’Hexagone, aujourd’hui fermées, font toujours l’objet de plaintes de riverains, atteints de cancers, leucémies, déficiences cognitives…

Il n’est pas possible de construire une « mine propre » sur le site de la Montagne d’Or au vu des conditions (boues, pluviométrie), même à petite échelle, et encore moins avec le volume de déchets que devrait générer l’exploitation.

A rebours de l’urgence climatique

Pour construire la plus grande mine d’or jamais exploitée sur le territoire français, une immense fosse de 2,5 km de long pour 400 mètres de profondeur devra être creusée. Soit le volume de 32 Stades de France. Cette fosse engloutira au minimum 2 000 hectares de forêts tropicales primaires.

L’exploitation minière géante sera assortie d’un complexe industrialo-portuaire qui détruira 100 hectares de mangrove. La mise en place de lignes à haute tension nécessitera de raser des forêts sur une longueur de 120 km. Les routes seront élargies pour permettre le transport des explosifs, du cyanure et des carburants, au détriment des arbres qui les bordent. C’est donc toute la forêt primaire environnant le projet qui sera dégradée, abîmée, fractionnée. Par ailleurs, le projet “Montagne d’Or” ouvre la voie à de nombreux autres projets de mines industrielles, à travers tout le territoire guyanais, menaçant aussi ses forêts. Des études ont déjà été entamées dans ce sens par d’autres grosses compagnies minières étrangères.

 

Les forêts primaires jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat et doivent être préservées à tout prix si l’on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Face à l’urgence climatique, l’exploitation “Montagne d’Or” est un non-sens.

Menace sur la biodiversité

Le projet “Montagne d’Or” serait développé en plein coeur du plateau des Guyanes, une partie de la forêt amazonienne jusque-là préservée. La Guyane concentre 50% de la biodiversité française, avec 1 700 espèces d’arbres, 710 espèces d’oiseaux, 480 espèces poissons d’eau douce et 197 espèces de mammifères terrestres. Et 80% des espèces de cet écosystème restent encore à découvrir !

En détruisant les forêts, en polluant les sols et les cours d’eau, le projet “Montagne d’Or” aura des conséquences dévastatrices sur la biodiversité exceptionnelle de la Guyane.

Schizophrénie du gouvernement français sur la déforestation

 

La France a pris de nombreux engagements pour protéger les forêts mondiales et Emmanuel Macron se présente depuis le début de son quinquennat comme champion de la lutte contre les changements climatiques. Le gouvernement français planche actuellement sur une stratégie nationale visant à éliminer la déforestation importée, la destruction de forêts à l’autre bout du monde dont sont responsables des produits importés et consommés en France. S’il n’est pas capable de protéger sa propre forêt tropicale en Guyane, quelle crédibilité peut avoir le gouvernement français dans la lutte contre la déforestation ailleurs dans le monde ?

© Sauvons La Forêt

La France se doit d’être exemplaire sur son sol si elle veut avoir un quelconque poids au niveau européen et sur la scène internationale, en matière de lutte contre le changement climatique. Cela implique que l’Etat français abandonne tout soutien à la Compagnie Montagne d’Or, via des avantages fiscaux, la construction d’infrastructures portuaires, de routes ou d’une centrale électrique dédiée. Il doit adopter un moratoire sur la méga-exploitation minière industrielle et doit arrêter immédiatement tous les projets de ce type déjà engagés.

Mobilisation des associations et des communautés locales

Les opposant-e-s au projet “Montagne d’Or” sont nombreux. Plusieurs organisations environnementales se sont réunies au sein du Collectif Or de question. Des mouvements autochtones amérindiens donnent également de la voix contre la mine d’or, comme l’a montré la première séance du débat public, début avril.

Greenpeace France est en contact régulier avec les organisations qui mènent la mobilisation contre le projet “Montagne d’Or”, relaie leurs prises de position et appuie leur travail dès que possible. Nous faisons pression sur les pouvoirs publics pour que les négociations en cours sur la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée aille de pair avec un abandon du projet “Montagne d’Or”.

Une pétition appelant Emmanuel Macron a s’opposer au projet a recueilli plus de 200 000 signatures.