Interdiction du maïs OGM : une mesure fragile et tardive

François Fillon, ministre de l’environnement par interim, et Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture ont annoncé aujourd’hui via un communiqué de presse court et laconique, la suspension de la mise en culture du maïs génétiquement modifié MON810. Une « mesure conservatoire visant à interdire temporairement » la culture du maïs génétiquement modifié Mon 810 sur le territoire français.
Une mesure attendue, certes… Mais face à laquelle la prudence est de mise. Car cette défcision tardive ET fragile n’a peut être pas empêché la semaille précoce d’OGM en France au cours des semaines passées.

Le risque d’une contamination de fait

Le 22 février dernier, Greenpeace, les Amis de la Terre, la FFAP (Fédération française des apiculteurs professionnels), les Faucheurs volontaires d’OGM et une trentaine d’autres organisations ont adressé ensemble une lettre ouverte aux sociétés commercialisant des semences agricoles en France. Dans ce courrier, les associations demandaient à ces entreprises de clarifier leurs intentions concernant la commercialisation de semences de maïs Mon 810 sous licence Monsanto, en vue des semailles du printemps 2012.

Les réponses apportées par les semenciers n’ont pas vraiment rassuré … Invitant les associations à consulter elles mêmes leurs catalogues ou justifiant de l’incertitude légale et économique pour justifier de leur choix de ne pas commercialiser de maïs OGM … pour l’instant. Bref, les semenciers sont restés vagues, se réservant pour la décision du gouvernement français.

Mais cette décision tardive du gouvernement risque de mettre les Français au pied du mur. En effet, depuis novembre 2011 – date à laquelle le Conseil d’État a annulé le moratoire sur la culture de Mon 810 – et jusqu’à aujourd’hui, tout agriculteur désirant semer du maïs OGM en avait légalement le droit. Personne ne peut donc garantir que certains exploitants français favorables aux OGM n’aient profité de la période du début des semailles pour semer du maïs OGM.

L’impérieuse nécessité d’une interdiction solide et durable

Par ailleurs, la mesure conservatoire décidée par le gouvernement français apparaît comme bien fragile au regard de la décision prise la Cour européenne de Justice d’annuler le moratoire de février 2008. Combien de temps durera le montage juridique de la France ? Nul ne peut le dire.

Greenpeace demande au prochain président de la République de s’engager en faveur d’une interdiction solide et durable des OGM en France. Les Français ne peuvent pas s’accommoder d’une situation floue sur ce sujet alors qu’une majorité (52%) d’entre eux estime que la consommation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) comporte des risques pour la santé humaine.

Un appel à la vigilance citoyenne

Le gouvernement doit immédiatement mettre en place une surveillance étroite afin de s’assurer qu’aucun maïs OGM, désormais illégal, n’ait été planté et en ordonner la destruction le cas échéant.
Greenpeace appelle également à la vigilance citoyenne dès à présent afin d’identifier d’éventuelles cultures de maïs OGM en France pour cette année.