Hommage à Rémi Parmentier

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le week-end dernier le décès de Rémi Parmentier, inlassable compagnon de route de Greenpeace et des organisations de protection de l’environnement. Rémi Parmentier a été l’un des fondateurs de Greenpeace France, à la fin des années 70.

Rémi Parmentier interviewé par la presse lors de l’arrivée de l’Arctic Sunrise à Bali, en Indonésie, lors du Sommet mondial sur le développement durable. 
Janvier 2002. © Greenpeace / Kate Davison

Au cours des années passées au sein de Greenpeace, il a été l’un des artisans de nos campagnes et de nos victoires contre le déversement en mer de déchets nucléaires, la chasse à la baleine, les essais nucléaires… Son travail a contribué à sensibiliser le public, mais a aussi permis des changements politiques significatifs. Il a participé à d’innombrables rounds de négociations de traités et conventions internationales, plaidant sans relâche pour une action efficace et durable en faveur du climat et des océans.
 
Fin stratège, Rémi avait expliqué à Paul Hohnen, ancien co-responsable avec Rémi de la division politique de Greenpeace International, que faire campagne pour Greenpeace c’était comme pratiquer une sorte de judo politique : pour faire prévaloir l’intérêt général, il fallait que la société civile utilise le poids de son adversaire, qu’il s’agisse d’un gouvernement ou d’une multinationale, pour le faire vaciller.

Lors d’une expédition contre la chasse à la baleine dans le détroit de Gibraltar, à bord du MV Sirius, Rémi Parmentier s’adresse à un baleinier russe.
Octobre 1984. © Pierre Gleizes / Greenpeace

Après avoir quitté l’organisation, Rémi a cofondé le The Varda Group en 2003, aux côtés d’anciens compagnons de Greenpeace, où il a poursuivi son combat pour la protection des océans notamment.
 
Récemment, il a été l’un des architectes de la partie non étatique du sommet international sur les océans, l’UNOC, qui s’est tenu le mois dernier à Nice.

J’ai rencontré Rémi quand il avait 18 ans et militait déjà pour les baleines. J’avais 15 ans, et j’étais là quand nous avons déposé les statuts de Greenpeace France en 1977, quand nous avons monté d’autres bureaux en Europe et transformé ce mouvement en une organisation véritablement internationale, quand nous avons lancé et mené les campagnes contre la chasse baleinière, les immersions de déchets nucléaires, le retraitement des combustibles irradiés, les trafics de déchets industriels, la pollution marine chimique… Il était mon meilleur ami, mais aussi mon maître. Visionnaire et chaleureux, il a déterminé non seulement mon destin mais celui de nombreux militants à travers le monde. Force de travail, audace, sérieux, immense culture géopolitique, et humour : je me souviens du jour où nous avons acheté notre première photocopieuse, on s’est fait nos premières cartes de visite. Sur la sienne, il a mis “nasty little agitator” (sale petit agitateur). Cinquante ans plus tard, dans les réunions onusiennes et autres conventions internationales où il sévissait, il avait toujours la même. Histoire que l’on oublie pas qu’il était avant tout un militant, là pour faire bouger les lignes, et pour qui il se battait : les baleines, l’océan, la planète.
Katia Kanas, militante, co-fondatrice de Greenpeace France et présidente de Greenpeace France de 2004 à 2008.
Je me souviens encore de lui au sommet SOS Océans, à Paris, au mois de mars dernier, m’expliquant les derniers rebondissements autour de la ratification du traité de la haute mer… Lorsque j’ai pris mes fonctions, en 2012, il faisait partie de la poignée de pionniers de Greenpeace qu’il fallait impérativement rencontrer pour comprendre cette organisation. Je l’ai fait et découvert à cette occasion mille histoires et anecdotes autour du traité de protection de l’Antarctique notamment. J’ai aussi mieux compris, grâce à lui, l’histoire tumultueuse de Greenpeace France dans les années 80, avant et après le sabotage du Rainbow Warrior par l’État français.
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France

Rémi laisse derrière lui un engagement indéfectible en faveur de la préservation de notre planète et, plus particulièrement, de nos océans. Nous avons une pensée émue et sincère pour sa famille, ses enfants et ses proches. Nous gardons dans nos cœurs sa tenacité et son engagement, qui resteront une source d’inspiration pour l’ensemble de notre mouvement. Et nous saurons nous souvenir de son conseil : “Si vous souffrez d’éco-anxiété, soignez-vous en passant à l’action !”