Visite officielle de l'EPR de Flamanville : éminents membres du gouvernement et industriels à la rescousse du nucléaire

Climat

Paris, 26 novembre 2009 – Alors que François Fillon s’apprête à visiter le site de construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), Greenpeace dénonce une vaste opération de communication menée par d’éminents membres du gouvernement et les industriels, qui, main dans la main, tentent de voler à la rescousse du nucléaire.

« Le Premier ministre, mais aussi Henri Proglio, le nouveau patron d’EDF, la ministre de l’Économie Christine Lagarde, Anne Lauvergeon et encore Jean-Cyril Spinetta, président du conseil de surveillance d’Areva… Quelle belle brochette ! commente Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie/Nucléaire à Greenpeace France. Il fallait au moins ça pour orchestrer cette vaste opération de communication et tenter de redonner un peu de crédibilité à Areva et EDF, dans la tourmente depuis plusieurs semaines. »

L’EPR mis en cause par les autorités officielles
Fait historique : lundi 2 novembre, les autorités de sûreté nucléaire britannique, finlandaise et française ont fait part à Areva d’un grave problème de sûreté lié à la conception de son réacteur EPR. Le problème relevé par ces trois instances officielles concerne le système de contrôle/commande. Les deux parties de ce dispositif doivent être indépendantes afin qu’en cas de défaillance de l’une, l’autre continue à fonctionner. Or l’EPR est conçu de telle sorte que ces deux systèmes sont étroitement interconnectés.

Dans une lettre envoyée à EDF le même jour, l’ASN relève même que la « complexité » de la conception de l’EPR « rend difficile l’élaboration d’une démonstration de sûreté satisfaisante ». L’ASN doute donc sérieusement qu’il soit possible de régler un tel problème…

Des ministres qui prennent fait et cause pour l’industrie
Le 3 novembre, le ministère de l’Écologie et de l’Énergie Jean-Louis Borloo estimait que « les fondamentaux de l’EPR ne sont pas en cause ». Suivi, le 5 novembre, par François Fillon qui a déclaré dans un entretien au Monde qu’il n’y avait « pas de problèmes Areva », ajoutant que « la technique de l’EPR n'[était] pas en cause ».

« Reprenant mot pour mot la ligne de défense d’EDF et Areva, les ministres contredisent totalement les déclarations faites quelques jours plus tôt par trois autorités de sûreté nucléaire, note Yannick Rousselet. En prenant fait et cause pour l’industrie nucléaire, Jean-Louis Borloo et François Fillon désavouent et discréditent cette autorité de contrôle. Le nucléaire résisterait-il si mal à la transparence et à la vérité ? »

Des déboires récurrents sur les chantiers EPR
Deux EPR sont actuellement en construction dans le monde. Le premier chantier, en Finlande, accumule les problèmes et malfaçons et affiche plus de trois ans de retard et des surcoûts vertigineux, passant de 3,3 milliards d’euros de budget prévisionnel à 5,5 milliards.

En France, à Flamanville, EDF accuse déjà un retard d’au moins 20 mois et des coûts supplémentaires importants.

Ce que demande Greenpeace
Greenpeace demande à nouveau l’arrêt immédiat des EPR en construction en Finlande et en France, et l’annulation de celui projeté à Penly (Seine maritime). Greenpeace attend de l’ASN qu’elle joue son rôle de garde fou en ordonnant immédiatement l’arrêt du chantier de Flamanville.