UNOC : le bateau de Greenpeace exclu de la parade inaugurale à Nice

Océans

À quelques jours de la conférence des Nations unies sur l’océan, Greenpeace France s’est vu notifier par l’organisateur officiel de la parade maritime (“Ocean wonders”) le refus de participer avec son navire MY Arctic Sunrise à sa parade inaugurale le dimanche 8 juin [1] alors que l’organisation y avait été officiellement invitée.

C’est tout simplement une aberration. Depuis plus de 50 ans, nous défendons les océans, en particulier à bord de nos navires. Nous agissons depuis toujours, de manière non-violente, pour la protection de la haute mer, l’interdiction de l’exploitation minière en eaux profondes, une protection stricte des aires marines protégées, la fin du plastique à usage unique… et nous ne pourrions pas participer à une manifestation en faveur des océans ?”, s’indigne Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Le courrier adressé à Greenpeace France à propos de la parade maritime reproche clairement à l’association une action menée par Greenpeace France mercredi 21 mai dans le parc marin du golfe du Lion. L’organisation y a déposé 15 rochers de calcaire d’une à deux tonnes afin de quadriller un périmètre pour y empêcher le chalutage de fond. Greenpeace entendait dénoncer la faiblesse du gouvernement français concernant la mise en œuvre de la protection de ses aires marines protégées, et l’appeler à s’engager à interdire le chalutage de fond au sein de ces dernières.

La ministre de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher a plusieurs fois ces derniers jours réagi en s’appuyant sur des contre-vérités [2].

Après les tentatives d’intimidation et les contre-vérités, interdire l’Arctic Sunrise est non seulement une grave erreur mais aussi un triste symbole de la répression contre les militants et militantes de l’environnement. Alors que les menaces contre les océans n’ont jamais été aussi prégnantes, comme l’exploitation minière en eaux profondes, exclure un membre de la société civile de la parade inaugurale de l’UNOC est un non-sens””

Plus tôt la semaine dernière, cinq militants et militantes du groupe local Greenpeace de Nice ont passé plus de 20h en garde à vue après avoir été arrêtés pour de l’affichage et des graffitis à la craie en faveur de la protection des océans, leurs domiciles ont également été perquisitionnés [3].

N’ayant reçu aucune information officielle, Greenpeace considère que l’escale au port de Nice de l’Arctic Sunrise prévue les 4 et 5 juin est maintenue.

La présence à Nice de ce bateau emblématique de la flotte Greenpeace coïncide avec l’année du 40ème anniversaire de l’attentat commis par les services secrets français contre le Rainbow Warrior à Auckland en Nouvelle-Zélande. Le photographe Fernando Pereira avait péri lors de cet attentat.

Le navire amiral de la flotte arc-en-ciel venait alors d’évacuer les victimes d’essais nucléaires américains sur l’atoll de Rongelap et s’apprêtait à s’opposer à des essais nucléaires français sur l’atoll de Mururoa.

MY Arctic Sunrise est aussi un symbole de la résistance face à la répression du mouvement environnemental, car c’est à son bord que 30 personnes ont été arrêtées à l’automne 2013 par les forces spéciales russes pour avoir tenté d’alerter sur les dangers climatiques et environnementaux des forages de Gazprom en Arctique. Celles et ceux qui ont été appelés les “Arctic 30” ont passé plus de deux mois en prison avant que Vladimir Poutine cède face à une mobilisation internationale d’ampleur.

Notes aux rédactions 

[1] Le courrier adressé à Greenpeace est disponible sur demande.

[2]

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/action-dans-le-golfe-du-lion-greenpeace-reagit-aux-propos-dagnes-pannier-runacher-et-a-la-mise-en-demeure-de-la-prefecture-maritime/

[3]

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/nice-gardes-a-vue-et-perquisition-de-militants-greenpeace-pour-de-laffichage-et-des-dessins-a-la-craie/

Greenpeace rappelle que la pratique du chalutage de fond est contraire à la définition même d’une aire marine protégée selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
La Commission européenne elle-même recommande d’exclure cette pratique de toutes les AMP en Europe.