Un an après, les super chalutiers sont de retour dans la Manche pour piller les Bancs des Flandres
Après s’être rendue sur place en décembre 2024 pour documenter la pêche de ces super chalutiers, Greenpeace dénonce de nouveau cette année leur présence, suivie grâce à leur signal AIS. Du 21 novembre au 6 décembre dernier, l’organisation a recensé 27 bateaux, cumulant à eux tous 1 023 heures « d’effort apparent de pêche » dans les Bancs des Flandres, au large de Dunkerque (59).

Les 22, 23 et 26 novembre 2025, le Scombrus, super chalutier gargantuesque de 81 mètres de long pouvant pêcher jusqu’à 200 tonnes par jour, a même été repéré en « effort apparent de pêche » en pleine bande des trois milles marins (soit 5,5 kilomètres), censée être réservée à la pêche artisanale. Bien que l’interdiction dans cette bande comporte de (trop) nombreuses exceptions, le Scombrus a vraisemblablement pêché dans une zone qui lui est strictement interdite.

Les observations de Greenpeace, qui constate régulièrement la présence de ce bateau dans l’aire marine protégée des Bancs des Flandres, contredisent complètement les affirmations de son armateur, France Pélagique. Ce dernier écrivait ainsi en 2024 :« Les navires de France Pélagique opèrent en haute mer, la majorité du temps à plus de 20 milles des côtes européennes. Ils ne sont pas en compétition dans ces zones de pêche avec les pêcheurs artisans, ces derniers étant principalement actifs dans la zone des 12 milles marins et le long des côtes ».
Pour François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France, « la France doit non seulement mettre un terme à toutes les exceptions qui permettent la présence de super chalutiers dans la bande des trois milles, mais aussi exclure tous les navires de pêche mesurant plus de 25 mètres dans la zone des douze milles. La mer se vide, les artisans-pêcheurs souffrent de cette concurrence impitoyable, le gouvernement français doit agir pour éviter de perdre son savoir-faire et sa biodiversité. Cette saison 2025 doit être la dernière durant laquelle ces chalutiers ratissent la Manche ! »
Année après année, sept navires de plus de 25 mètres reviennent en Manche pour la saison de pêche. Battant pour la plupart pavillon néerlandais, ces chalutiers pélagiques pêchent dans les eaux territoriales des 12 milles autour des côtes, à l’image des chalutiers de fond et des senneurs danois dont la présence dans les Bancs des Flandres et dans des zones Natura 2000 a été documentée par Greenpeace l’an dernier.
Ces endroits abritent des écosystèmes sensibles comme des éponges, des coraux ou des anémones et des espèces surexploitées telles que la crevette, la sole, la seiche, le cabillaud et le hareng qui vivent plutôt près des côtes. La surpêche démesurée de certaines d’entre elles provoque non seulement un déséquilibre de l’ensemble de l’écosystème, mais présente aussi une menace sérieuse pour la pêche artisanale.
Les super chalutiers congélateurs qui ravagent la mer
Ces navires n’ont même plus besoin de relever leur filet pour remonter le poisson sur le pont. Pour aller encore plus vite et pêcher les plus grosses quantités possibles, c’est un tuyau aspirant qui se charge de vider le filet en descendant directement à l’intérieur pour aspirer le poisson et le stocker aussitôt dans les cales ; cette pratique destructrice permet de pêcher jusqu’à 400 tonnes par jour. Ces poissons pêchés au large des côtes françaises sont ensuite débarqués la majorité du temps aux Pays-Bas.
Face à ce saccage, Greenpeace demande que la bande des 12 milles au large des côtes soit strictement interdite aux navires mesurant plus de 25 mètres, et ce afin de préserver la biodiversité et de répondre à la demande des artisans-pêcheurs que cet espace leur soit réservé.