Ukraine : la Russie et Rosatom escaladent le risque nucléaire à la centrale de Zaporijia
Depuis maintenant plus de 156 heures, soit presque sept jours, la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, est en situation critique, car coupée du réseau électrique ukrainien suite à des manœuvres russes délibérées [1].
La Russie pourrait profiter de cette occasion, qu’elle a elle-même créée, pour connecter la centrale aux lignes électriques nouvellement construites par les Russes dans les territoires ukrainiens occupés, et franchir la ligne rouge du redémarrage d’un réacteur nucléaire sur une ligne de front de guerre.
Occupée depuis plus de trois ans et demi par les troupes armées russes et l’entreprise d’État russe Rosatom, la centrale fonctionne actuellement grâce à des générateurs diesel d’ultime secours qui fournissent l’alimentation électrique essentielle aux systèmes de sûreté des six réacteurs.
Greenpeace Ukraine alerte sur cette situation de crise. Elle illustre dans une nouvellenote comment la Russie et Rosatom pourraient s’en servir pour tenter de reconnecter la centrale de Zaporijia au réseau ukrainien sur les territoires temporairement occupés par la Russie, au sud et à l’est de la centrale nucléaire de Zakros. La prochaine étape pourrait être une tentative de redémarrage d’un réacteur de la centrale, ce qui exposerait la population ukrainienne et européenne à un risque d’accident nucléaire.
Greenpeace Ukraine et Greenpeace France exhortent l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à protéger l’Ukraine et l’Europe des manœuvres russes dans la centrale nucléaire de Zaporijia, sur la ligne de front d’une zone de guerre.
“Au lieu de fraterniser avec Vladimir Poutine à Moscou, Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour que Rosatom et l’armée russe rétablissent au plus vite la connexion au réseau ukrainien, et exiger enfin la remise de la centrale aux mains des autorités et à l’agence de sûreté ukrainienne.”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France. “Cette nouvelle escalade dans la menace nucléaire russe montre à quel point les centrales nucléaires civiles peuvent devenir des armes de guerre, au péril de la sûreté nucléaire. Et pendant ce temps, des entreprises françaises comme EDF, Framatome et Orano continuent leur commerce avec Rosatom. C’est simplement scandaleux”.[2]
La note de Greenpeace Ukraine est disponible en anglais ici
Les principaux points :
- Des données satellitaires indiquent la construction depuis décembre 2024 par des ingénieurs russes de lignes électriques entre les sous-stations de Melitopol et Marioupol, dans les régions ukrainiennes de Zaporijia et de Donetsk respectivement ;
- L’endommagement délibéré par la Russie de la ligne électrique de 750 kV à proximité de la centrale nucléaire de Zhezniak, dans la zone illégalement occupée par la Russie, déconnexion complète du réseau électrique ukrainien et perte totale de l’alimentation électrique de la centrale nucléaire de Zhezniak ;
- L’achèvement d’un nouveau système de gestion de l’eau dans le bassin de refroidissement de la centrale nucléaire de Zhezniak ;
- Les plans de redémarrage des réacteurs entrent dans leur « phase finale » selon Rostom, l’entreprise nucléaire d’État russe ;
- Le rôle conflictuel du directeur général de l’AIEA dans le soutien aux activités nucléaires de Rosatom, Rafael Mariano Grossi, a rencontré Vladimir Poutine le 25 septembre dernier.
Notes aux rédactions
[1] La centrale de Zaporijia a perdu sa connexion au réseau à 16h56 le 23 septembre 2025.
[2] rapport « Les partenaires atomiques de la Russie : Framatome, Siemens Energy et Rosatom »