Thon rouge : tous les chemins mènent au moratoire
Paris, le 14 octobre – Greenpeace salue l’adoption hier soir par les membres de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) réunis en congrès mondial à Barcelone, d’une résolution appelant à la fermeture de la pêche au thon rouge en Méditerranée. Une recommandation qui correspond à ce que prône Greenpeace depuis des années et qui s’ajoute à de multiples appels récents d’experts allant dans le même sens. Le ministre Barnier doit désormais assumer ses responsabilités et porter au niveau européen cette nécessité d’un moratoire sur le thon rouge.
En effet, la veille, le 12 octobre, le comité scientifique (SCRS) de l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) a rendu son rapport annuel. Ce rapport fait le point sur l’état des stocks et des captures des espèces de thonidés dont l’ICCAT à la responsabilité, en particulier le thon rouge. Alors que le niveau de capture autorisé par l’ICCAT était de 29 500 tonnes, le comité scientifique estime que pour 2007, le niveau de capture réel a été de 61 000 t, soit plus du double. Les scientifiques présentent également dans ce rapport plusieurs scénarios de restauration du stock qui passent tous par une réduction significative des niveaux de capture, par la fermeture de la pêche pendant la période de reproduction entre mai et juillet, voire par un moratoire de plusieurs années. Pour les scientifiques, il est donc clair que le risque d’effondrement du stock de thon rouge de Méditerranée et par voie de conséquence celui de la pêcherie sont très élevés.
Ces conclusions arrivent à peine un mois après la publication d’un autre rapport d’experts indépendants commandité par l’ICCAT lui-même pour évaluer sa gestion du thon rouge. Un rapport dont les conclusions étaient accablantes et sans appel : « une suspension immédiate de la pêcherie est indispensable ». En d’autres termes : un moratoire.
« Ces appels répétés à la fermeture de la pêcherie du thon rouge correspondent à ce que Greenpeace demande depuis plusieurs années. C’est le seul moyen pour éviter la disparition de cette espèce en Méditerranée. Les parties contractantes –Etats membres- doivent suivre ces recommandations lors de la prochaine réunion de l’ICCAT à Marrakech en novembre prochain, avant toute mesure de révision du plan de gestion », affirme François Chartier, chargé de la campagne océan à Greenpeace France.
La crise du thon rouge est non seulement une crise de la ressource, mais aussi une crise du modèle de gestion des pêches, basé sur les intérêts à court terme de l’industrie. Seule une approche écosystémique, intégrant le principe de précaution, permettrait de sauver le stock de thon rouge. Pour cela il est indispensable de fermer la pêcherie, afin de mettre en place un réseau de réserves marines sur les zones de reproduction du thon, de réduire la surcapacité et de réformer la gestion de la pêcherie.
« S’il ne veut pas se rendre complice de l’effondrement du stock de thon rouge, Michel Barnier, ministre de l’agriculture en charge des pêches, doit assumer les responsabilités de la présidence française de l’Union Européenne et appuyer cette demande de fermeture de la pêcherie du thon rouge. En effet, la position de la délégation européenne sera déterminante pour l’adoption en novembre prochain d’un moratoire, seul moyen d’éviter la disparition du principal prédateur de Méditerranée et la mort de la pêcherie », ajoute François Chartier.