Thon rouge : des experts indépendants demandent la fermeture immédiate de la pêche

Océans

Paris, le 11 septembre 2008. Confirmant ce que demande Greenpeace depuis plusieurs années, un comité d’experts indépendants mandaté par l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) pour évaluer la gestion de la pêcherie du thon rouge de Méditerranée, recommande la fermeture immédiate de cette pêche.

Dans leurs conclusions rendues publiques cette semaine par l’ICCAT, ces experts ont qualifié de « honte internationale » la gestion de la pêcherie. Le comité demande « la suspension de la pêche au thon rouge dans l’Atlantique et en Méditerranée jusqu’à ce que les pays se mettent en conformité avec les recommandations de l’ICCAT». Pour les experts, une telle fermeture est reconnue comme étant « le seul moyen de mettre un terme à ce que les observateurs et les Etats contractants reconnaissent comme étant une parodie de gestion ».

Cette gestion, poursuivent les experts, « est inacceptable et incompatible avec les objectifs de l’ICCAT, notamment avec le fait que les stocks ne doivent pas diminuer au point de s’épuiser ».

En plus de la fermeture immédiate de la pêcherie, le comité d’experts recommande également la protection de toutes les frayères, au moins lors des périodes de reproduction.

Toutes ces recommandations correspondent à ce que demande Greenpeace, à savoir un moratoire de 3 à 5 ans sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines où toute pêche serait interdite pour protéger les nurseries de Méditerranée indispensables à la régénération des stocks. Parmi les préconisations des experts figurent également la définition de tailles minimales de prise de certaines espèces, la diminution de la capacité des navires de pêche et des fermes d’engraissement mais aussi la fin de la pêche pirate.

Le comité d’experts attribue l’échec de la gestion de l’ICCAT principalement à ses Etats membres coupables de carences dans l’application des réglementations existantes. Mais, selon eux, l’attribution par l’ICCAT d’un quota de 28 500 tonnes à l’ensemble de ses membres – soit le double des préconisations des scientifiques – est, elle aussi, en cause.

« Les ministres des Pêches ont échoué à protéger certaines espèces, dénonce Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France. Ce rapport est le signe qu’il est temps pour les membres de l’ICCAT de prendre leurs responsabilités et de sauver cette pêcherie qu’ils ont menée dans l’impasse. Ce qui est à déplorer à l’ICCAT peut être étendu à l’ensemble des instances chargées de la gestion des pêcheries. Nous sommes confrontés à une crise globale de gouvernance ».

En novembre, les membres de l’ICCAT se réuniront pour décider du prochain plan de gestion du thon rouge. Greenpeace demande qu’ils suivent les recommandations des experts et ferment la pêche jusqu’à la régénération des stocks. « Sans cela, l’ICCAT continuera d’échouer dans son rôle et ne servira que les intérêts à courts terme d’une industrie condamnée à mourir du fait de l’épuisement des stocks », ajoute Stéphan Beaucher.