Report sine die du transport de plutonium. Greenpeace reste vigilant.

Climat

Greenpeace revoit son dispositif de veille sur l’Atlantic Osprey, un ferry qui devrait acheminer du plutonium depuis le Royaume-Uni jusqu’à l’usine de La Hague en France, car ce transport semble bel et bien retardé sine die. En effet, c’est ce soir à minuit qu’expire l’arrêté pris par la préfecture maritime de Cherbourg le 14 mars et qui interdisait à quiconque d’approcher ce transport dès lors qu’il pénétrait dans les eaux françaises.

« Le nucléaire ne résiste pas à la transparence, il suffit que nous publiions des informations sur ce transport pour qu’il soit reporté de plusieurs semaines, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Peut-être est-il même annulé ? Ce serait la meilleure chose à faire. Dans leurs beaux discours, en France, au Royaume-Uni, au Japon ou ailleurs, le Président Sarkozy et le Premier ministre font bien sûr l’impasse sur le « coté obscur » du nucléaire. Ils tentent de faire oublier les milliers de tonnes de déchets radioactifs et les dizaines de tonnes de plutonium que génère cette industrie. Évidemment : mieux vaut rester discret sur ce qu’on peut faire avec du plutonium, quand on tente de vendre des EPR un peu partout, notamment en Libye ! »

Le 6 mars, Greenpeace révélait l’arrivée jusque-là tenue secrète de l’Atlantic Osprey, initialement prévue au port de Cherbourg (Manche), dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars. En provenance du Royaume-Uni, cet ancien ferry appartenant à NDA (Nuclear Decommissioning Authority) devait transporter plusieurs dizaines de kilos de plutonium, chargés à bord de camions banalisés qui, une fois le navire à quai, allaient prendre la route en direction de l’usine de retraitement de La Hague. Le plutonium est une matière extrêmement dangereuse : 8 kg suffisent pour fabriquer une bombe d’une puissance équivalente à celle de Nagasaki et des dizaines de tonnes sont stockées à La Hague.

Pour contrer ce secret et empêcher la venue en France de ce cargo, Greenpeace avait aussitôt réagi. Le 1er avril, l’Arctic Sunrise, l’un des navires de l’organisation écologiste, arrivait au port de Cherbourg. Le 18 mars, l’organisation de défense de l’environnement demandait à Areva et à l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) de publier le contenu de l’accord intergouvernemental portant sur les déchets nucléaires, la lettre de demande d’importation et de stockage d’Areva, et le dossier de sûreté concernant ce transfert et ce stockage. Greenpeace avait saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, récemment créé, et se réservait la possibilité de saisir les tribunaux compétents pour faire constater l’illégalité d’une telle importation.

Jusqu’à présent, la seule réaction des autorités et d’Areva a été de reporter ce transfert afin de tenter d’éviter les projecteurs des médias.

« En matière de nucléaire, apparemment, on se contente d’évoquer la transparence dans un texte de loi sans suite. Et le Haut comité du même nom semble bien n’être qu’un fantôme… À croire qu’en France aujourd’hui, Greenpeace est l’une des seules sources d’information fiable en France sur ce sujet ! », reprend Yannick Rousselet.

Après deux semaines de présence à Cherbourg, Greenpeace a décidé de réorganiser son dispositif de veille sur ce transport, ainsi l’Arctic Sunrise, va quitter le port de Cherbourg dans la soirée du lundi 14 avril. Un dispositif moins visible restera en veille efficace, aussi bien du coté britannique que français.

Après les déboires de l’industrie nucléaire avec l’EPR finlandais et au moment ou l’on découvre les malfaçons sur le chantier de celui de Flamanville, Greenpeace considère plus que jamais que le nucléaire est un très mauvais choix. L’organisation écologiste va continuer de s’employer à faire toute la lumière sur le coté obscure de cette industrie.