Procès des 12 activistes de Greenpeace France : EDF et son château de sable sur le banc des accusés à Dunkerque
Ce 23 juin, au tribunal de Dunkerque, douze activistes de Greenpeace France et l’organisation elle-même ont comparu devant la justice après avoir mené une action non-violente et symbolique pour dénoncer les risques de submersion marine et d’inondations à Gravelines (59), où EDF projette la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2). Alors que la vulnérabilité du site est documentée, EDF persiste dans son projet dangereux, en ignorant les alertes de Greenpeace France. L’organisation et les prévenu·es plaident la liberté d’expression.
Lors du débat public organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP), les militant·es de Greenpeace France ont cherché à mettre ces risques climatiques au centre des discussions. L’ONG a tout d’abord publié un rapport « La centrale nucléaire de Gravelines : un château de sable en bord de mer » avant de réaliser en dernier recours une action de désobéissance civile non-violente « Montée des eaux, nucléaire à l’eau ».
Dunkerque, France, le 23 juin 2025.
Action de soutien des militants de Greenpeace devant le tribunal de Dunkerque.
Photo Greenpeace
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Un procès sur la proportionnalité de l’action au regard de la vulnérabilité du projet d’EPR2 à Gravelines
Ce procès a mis en lumière la répression que subissent les militant·es écologistes.
Quant à lui, le parquet requiert respectivement pour les activistes sans antécédents, avec antécédents et pour un activiste en récidive : trois, cinq et six mois d’emprisonnement avec sursis, ainsi que 1000 € d’amende chacun (dont 500 € avec sursis) et trois ans d’interdiction de territoire sur la commune de Gravelines. Aucune peine n’a été requise par le parquet à l’encontre de Greenpeace France.
La société EDF demandait 375.090 € de préjudice matériel, 500.000 € pour préjudice moral et 15 000 € de frais d’avocat. EDF exigeait donc 890.090 € à Greenpeace France et aux 12 activistes, invoquant, lors du procès, la volonté de dissuader l’ONG de réaliser des actions non-violentes de désobéissance civile dans le périmètre des centrales nucléaires.
« Les militant·es ont réalisé cette action parce qu’EDF persiste dans un projet, dont la dangerosité a été documentée et mise dans le débat public par Greenpeace France. Aujourd’hui la seule solution raisonnable est de mettre un terme à ce projet au regard de l’aggravation du dérèglement climatique et du risque de diminution de nos capacités d’adaptation » déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique chez Greenpeace France.
EDF face à la contestation : détourner l’attention et éviter les faits
Pour les activistes poursuivis et Greenpeace France, ce procès illustre une tendance inquiétante à réprimer celles et ceux qui se mobilisent contre le changement climatique.
« Nous avons mené une action non-violente pour poser une question essentielle : comment peut-on sérieusement envisager de construire de nouveaux réacteurs nucléaires sur un site directement menacé par la montée des eaux ? Au lieu d’entamer un véritable dialogue suite à ce questionnement pourtant légitime vu le risque climatique, EDF et les autorités ont choisi de nous poursuivre en justice. Ce procès cherche à faire taire toutes celles et ceux qui osent dénoncer les risques immenses que va faire peser ce projet sur la population et l’environnement », affirme Lucie, prévenue au procès.
Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire chez Greenpeace France souligne quant à lui la réticence d’EDF à un débat transparent : « EDF a montré un mépris évident pour le débat citoyen. Leurs représentants ont systématiquement évité les questions précises, ils se sont réfugiés derrière un jargon technique et ont cherché à décourager toute opposition. »
Un combat qui ne s’arrêtera pas à ce procès
Ce procès marque une étape, mais certainement pas la fin du combat pour éviter la construction d’une infrastructure qui sera un danger pour les prochaines générations.
Greenpeace France et les autres organisations mobilisées contre ce projet continueront d’alerter sur les dangers du nucléaire face aux risques climatiques et de réclamer une transition énergétique efficace et réellement en prise avec la réalité climatique : des politiques d’économie d’électricité et d’énergie, d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.
« Pour Greenpeace, ce procès, c’est celui d’EDF, une entreprise qui semble prête à tout pour sauver son industrie nucléaire. Ce procès pose une question de haute importance dont le gouvernement, les autorités de sûreté et les citoyens et citoyennes devraient s’emparer aujourd’hui : comment aborder les risques supplémentaires que génère le dérèglement climatique vis-à-vis des industries dangereuses ? Comment être en mesure, en tant que société, d’avoir l’intelligence et la sagesse de stopper les projets qui s’avèreraient être trop vulnérables au dérèglement climatique pour éviter de prendre des risques pouvant mettre en péril la population et l’environnement, tel un accident nucléaire ? » conclut Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France.
Le délibéré aura lieu le 3 septembre 2025 à 14h.