Première étape franchie contre le bois illégal au Parlement Européen. Monsieur Barnier, comment auriez-vous voté ?
Paris, le 22 avril 2009. Aujourd’hui, à l’issue d’un vote en session plénière du Parlement Européen, les députés européens ont très largement suivi le rapport de la commission environnement du Parlement Européen et voté pour une réglementation européenne qui encadre strictement le commerce du bois et de produit bois sur le marché européen. On estime qu’entre 19% et 40% des 560 millions de mètres cubes équivalant bois rond entrant en Europe chaque année sont d’origine illégale. L’UE est le principal importateur de bois provenant d’Amazonie, de Russie et d’Afrique. Le bois illégal contribue à la déforestation, à la dégradation forestière et accélère le changement climatique, la perte de la biodiversité tout en exacerbant les tensions sociales et la pauvreté dans les pays en voie de développement.
Le parcours vers une réglementation réellement efficace pour l’avenir des forêts est encore semé d’embuches. Maintenant, c’est aux gouvernements européens de se prononcer via leurs ministres de l’Agriculture pour soutenir ou non la mise en place d’un règlement ambitieux d’ici la fin de l’année.
« Aujourd’hui, le parlement européen nous a permis de franchir une étape importante vers un réel contrôle du commerce du bois au niveau mondial. Cette réglementation, si elle est suivie et soutenue dans la suite du processus, pourrait permettre de réduire l’empreinte écologique et sociale de l’Union Européenne sur les forêts » explique Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France.
Le Parlement Européen à effectivement amélioré de façon importante la réglementation telle qu’elle était proposée par la commission européenne en octobre 2008 en demandant aux différents acteurs du marché du bois ou des produits bois de prouver la légalité des produits bois qui sont mis sur le marché européen.
Cette proposition, portée par le Parlement Européen, vise à créer un cadre légal incluant des sanctions et des amendes pour dissuader les contrevenants. Enfin, la réglementation, telle que votée par le parlement européen aujourd’hui, appelle aussi à la mise en place obligatoire d’un système de traçabilité complet des produits bois des forêts de production aux consommateurs finaux.
« Le Parlement Européen a envoyé un signal fort sur la volonté de l’UE et de ses citoyens de réguler le commerce du bois en Europe. La balle est maintenant dans le camp des Ministres de l’Agriculture, dont le ministre français, qui peuvent agir pour une réglementation ambitieuse soutenue par le conseil des Etats membres » conclut Grégoire Lejonc.
La lutte contre la commerce du bois illégal faisant partie des engagements du Grenelle de l’environnement, Greenpeace souhaite vivement que la France défende un règlement complet et exigeant auprès de ses partenaires européens. Malheureusement, le gouvernement français tente de diminuer la portée de la réglementation soutenue par le Parlement Européen.
« Qu’aurait voté Michel Barnier, actuel Ministre de l’Agriculture et candidat aux élections européennes du 7 juin, s’il était déjà eurodéputé aujourd’hui ? se demande Gregoire Lejonc. Le gouvernement français est malheureusement toujours irresponsable et ne défend pas des positions qui permettraient de stopper le scandale du bois illégal en Europe. Force est de constater que Michel Barnier est aux abonnés absents quand il faut agir pour l’environnement et pour lutter contre le dumping social et environnemental ».
Cette loi, si elle était adoptée dans sa version la plus ambitieuse, permettrait de remettre le marché « à niveau » et enfin d’arrêter de laisser les acteurs du marché les plus irresponsables importer, transformer, distribuer du bois illégal et profiter de l’absence actuelle de réglementation. « La position du gouvernement français vise encore à favoriser les mauvais élèves, ceux qui ne respectent aucune règle, au détriment des acteurs qui s’approvisionnent en bois légal et durable. Rappelons que l’exploitation illégale du bois est souvent liée au crime organisé ou à des fraudes fiscales et alimente certaines dictatures ou guerres civiles. Le gouvernement français ne peut pas tenter de torpiller une règlementation si importante pour les forêts et pour le climat » conclut Grégoire Lejonc.