Nucléaire : réaction de Greenpeace au nouveau surcoût des EPR2

Énergies, Nucléaire

85 milliards d’euros (de 2025), c’est le nouveau devis annoncé aujourd’hui par EDF pour la construction de 6 EPR2, soit une hausse qui dépasse les 40% depuis le devis de 2022 [1].

Cette flambée des coûts n’est malheureusement pas une nouveauté pour le nucléaire, les dépassements de l’EPR de Flamanville ont donné le tempo, mais elle interroge sur la capacité d’EDF d’évaluer les coûts de construction de ce programme, et de respecter ses propres prévisions, tant sur les coûts que sur le calendrier, qui plus est sur un design toujours pas finalisé.

5,4 milliards de plus en deux ans est loin d’être négligeable mais il est évident que le coût final sera bien plus important” rappelle Florence de Bonnafos, chargée de mission économies et finances pour Greenpeace France. “Les coûts de financement à eux seuls rajouteront au minimum une vingtaine de milliards d’euros sur la facture finale. La sous-estimation systématique des coûts et des durées de construction, sans prendre réellement en compte les retours d’expérience de la filière des réacteurs EPR, discréditent les estimations du coût et des délais du programme « nouveau nucléaire »”.

Dans le contexte d’un projet de loi de finances tendu, à la recherche d’économies d’ampleur pour l’Etat, et d’une situation financière d’EDF déjà plombée par une dette colossale et un mur d’investissement des dépenses évalué globalement par la Cour des Comptes à 460 milliards d’euros d’ici à 2040, cette gabegie nucléaire est un non-sens.

Face à cet énième surcoût du devis EPR2, un audit est certes prévu, mais le choix du cabinet de Roland Berger pour un audit externe ne laisse pas présager une contre-analyse précise et désintéressée, le cabinet ayant notamment comme clients des membres du lobby pro-nucléaire, notamment le Cérémé qui se mobilise pour le “tout-nucléaire” et contre le développement des énergies renouvelables.

« La neutralité du cabinet Roland Berger pose question, tout comme leur compétence sur le sujet. En 2019, ils avaient évalué le coût de ce même programme de 6 EPR2 à 45 milliards d’euros, soit 40% de moins que le chiffre aujourd’hui officiel”, souligne Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique pour Greenpeace France. A quand une évaluation objective et sérieuse du réel coût de la relance du nucléaire ?

Pour Greenpeace France, il est temps d’arrêter ce programme de construction de 6 EPR2, ruineux pour les finances de l’Etat, irréaliste dans les délais annoncés et qui sert de diversion face aux vraies actions nécessaires pour le climat et la sortie des énergies fossiles.

[1] Le devis était de 51,7 milliards d’euros de 2020, puis est passé à 67,4 milliards en 2023, et désormais 72,8 milliards d’euros 2020, soit 85 milliards d’euros 2025.