Nicolas Sarkozy à Gravelines : irrationnel, irresponsable, imprécis… Pas très sérieux ?

Climat

Paris, le 3 mai 2011, 19h – En visite à Gravelines, le président de la République a une nouvelle fois montré une soumission aveugle au dogme nucléaire. Greenpeace déplore que le chef de l’Etat, en plein déni du risque nucléaire, joue sur les peurs et méprise les Français en droit de vouloir discuter du choix énergétique opéré par la France.

Nucléaire, pas nucléaire : combien ça coûte ?
Selon Nicolas Sarkozy, « si on arrête le nucléaire, le prix de l’électricité sera multiplié par 4 ». « Il faudrait dépenser 45 milliards d’euros pour fermer le parc nucléaire ».

« Au lieu de jeter des chiffres sortis d’on ne sait où à la tête des Français pour leur faire peur, Nicolas Sarkozy devrait permettre l’accès aux informations protégées par le secret défense ou le secret commercial, déclare Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. C’est bien joli de chiffrer la sortie du nucléaire sans faire la même chose pour le maintien du choix nucléaire. »

En effet, le parc de réacteurs français est vieillissant, avec une moyenne d’âge de 23 ans sur une durée de vie de 30 ans. En maintenant notre système nucléaire, deux choix s’offrent à la France :
– prolonger la durée de vie des réacteurs en tirant les enseignements de Fukushima ce qui porterait le coût de production à 60 € par MWh, un niveau à peine inférieur à celui de l’éolien terrestre qui se situe entre 65 et 70 € par MWh (Global chance, avril 2011).
– renouveler le parc en remplaçant les 63,4 GW de puissance nucléaire installée par une quarantaine d’EPR. A 5 milliards d’euros par réacteur (coût actuel annoncé de l’EPR Flamanville) le seul remplacement du parc se monterait à 200 milliards d’euros.

Le mythe de l’indépendance
Il faut se le dire : le nucléaire n’offre à la France aucune indépendance énergétique. Nous consommons aujourd’hui autant de pétrole que nos voisins européens et autant qu’en 1975 avant l’avènement du nucléaire. Le calcul français de l’indépendance énergétique considère que l’uranium est produit dans notre pays alors que la dernière mine a été fermée en 2001… En réalité 100% de notre uranium est importé, le Niger étant le premier pays fournisseur pour la France.

« L’argument de l’indépendance énergétique ne tient pas la route une seconde, annonce Sophia Majnoni. Ce supposé avantage de l’énergie nucléaire ne repose sur aucun fait établi et sonne comme une promesse électoraliste. »

Nicolas Sarkozy refuse toute remise en cause du nucléaire
Les 16 militants, qui ont occupé les grues du chantier EPR de Flamanville hier, sont poursuivis pour entrave à l’exercice de la liberté du travail et opposition à l’exécution de travaux publics comme tous les activistes présents à Flamanville hier. D’ici à leur audience devant le tribunal correctionnel, programmée le 16 juin prochain, le Parquet leur impose une caution de 1 000 euros chacun, une interdiction de territoire sur la région de Basse-Normandie et un contrôle judiciaire hebdomadaire pour les militants français.

« Le procureur de la République instrumentalise le contrôle judiciaire en mettant en place une peine avant le jugement, déplore Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace. En 2007, pour les mêmes faits, le dossier avait été classé sans suite. Cette différence de traitement est le signe clair d’une volonté d’intimider les citoyens qui osent contester l’énergie nucléaire et d’étouffer tout débat sur ce sujet. »