Méga-porcherie Avel Vor (29) : les associations appellent à une annulation de l’autorisation d’extension

L’audience portant sur la demande d’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant l’extension illégale de la méga-porcherie Avel Vor située à Landunvez (29) s’est tenue aujourd’hui à Rennes. Le rapporteur public propose au tribunal d’accorder à l’exploitation Avel Vor une nouvelle possibilité de régulariser l’extension de sa méga-porcherie, en contradiction avec les éléments apportés par le collectif démontrant son impact non négligeable sur l’environnement. Le tribunal rendra sa décision début janvier.

Cette audience a lieu plus de deux ans et demi après le dépôt d’un recours par le collectif “Stoppons l’extension de la porcherie Avel Vor” auprès du tribunal administratif de Rennes, afin de faire annuler l’arrêté préfectoral du 8 novembre 2022 autorisant une nouvelle fois l’extension de la méga-porcherie Avel vor, à Landunvez [1].

Le collectif déclare : “Nous insistons sur la nécessité d’une annulation totale et définitive de l’arrêté autorisant l’extension de l’exploitation : les éléments que nous avons versés au dossier confirment que l’exploitation Avel Vor est de nature à contribuer de manière significative à la dégradation de la qualité bactériologique de l’eau en aval de l’installation. Notre dossier est solide et nous avons pleinement confiance en ces éléments : la proposition du rapporteur public n’est pas à la hauteur des enjeux soulevés par l’exploitation Avel Vor puisqu’elle laisse des possibilités de régularisation à une extension pourtant déclarée illégale à plusieurs reprises depuis 2016.

Pour attester de cette dégradation de l’eau de baignade, le collectif a fait réaliser en avril 2025 des analyses d’eau indépendantes sur la plage de Penfoul, à Landunvez : les résultats révèlent une contamination préoccupante de l’eau de baignade par des bactéries pathogènes [2]. De multiples fermetures administratives de cette plage sont également intervenues cet été et l’Agence régionale de santé a confirmé hier le déclassement de celle-ci [3].

Lors de l’audience d’aujourd’hui, le rapporteur public a reconnu que l’étude d’impact présente peu ou prou les mêmes vices que ceux identifiés dans le cadre de la précédente autorisation déjà censurée par les juridictions administratives. Ainsi, les mêmes illégalités se retrouvent de manière quasi-identique dans la nouvelle autorisation, ce, alors que l’état des milieux aquatiques, tant concernant la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole que la pollution des eaux (notamment de baignade) aux bactéries fécales, demeure toujours aussi impacté. Pour le collectif “Stoppons l’extension”, la gestion des effluents porcins sur la zone est clairement une cause majeure de ces pollutions.

Si le tribunal suivait l’avis du rapporteur, cela laisserait une nouvelle chance à la SARL Avel Vor de régulariser sa situation alors même que, depuis dix ans, elle a eu de très nombreuses occasions de réaliser une étude d’impact tenant véritablement compte des conséquences du projet d’extension sur l’environnement. “Si en dix ans Avel Vor n’a pas été en capacité de réaliser une étude d’impact suffisante, nous soutenons que l’année de délai supplémentaire qui pourrait être donnée à l’exploitant ne pourra pas le conduire à régulariser sa situation, compte tenu des impacts environnementaux significatifs causés par cette extension”, estime le collectif.

Rappel des faits
En 2016, dans un contexte critique de pollution du littoral sans précédent, l’exploitant de la SARL Avel Vor a obtenu auprès du préfet du Finistère l’autorisation d’étendre son cheptel de 8 965 à 12 090 animaux (production de 26 000 porcs charcutiers par an), devenant ainsi l’une des plus grandes porcheries de France et ce, au prix d’un mépris répété de la réglementation environnementale et de la nécessaire amélioration de l’état des milieux aquatiques locaux.

Cette autorisation a été contestée par Eau & Rivières de Bretagne et des associations locales dès 2016 : la Cour administrative d’appel de Nantes avait annulé définitivement cette autorisation en novembre 2021 pour d’importantes insuffisances caractérisant l’étude d’impact environnemental du projet.

Anticipant l’annulation définitive dont allait faire l’objet l’autorisation de 2016, le préfet du Finistère a entrepris de sécuriser l’exploitation “en l’état” (malgré son illégalité et son impact environnemental) via l’édiction d’un arrêté conservatoire. En parallèle, cela a permis à l’exploitant de déposer un nouveau dossier de demande d’autorisation, qui a donné lieu à la nouvelle autorisation du 8 novembre 2022, et donc au présent contentieux.

L’élevage industriel à bout de souffle
La problématique de l’extension d’Avel Vor s’inscrit plus largement dans la perpétuation du modèle des fermes-usines qui exerce des pressions insoutenables sur l’environnement en Bretagne. L’industrialisation de l’élevage, qui se caractérise par la multiplication des fermes-usines d’élevage et leur densité sur les territoires, génère des pollutions massives des sols, de l’air et des eaux et, par les dynamiques de concentration, accélère la chute des élevages paysans. En mai 2023, Greenpeace France a publié une cartographie révélant que près de 70 % de ces fermes-usines sont concentrées en Bretagne et dans les Pays de la Loire (dont 445 dans le Finistère) [4]. Eau et Rivières de Bretagne a de nouveau publié en 2025 une étude cartographique et une méthodologie de classement qui montrent une forte corrélation entre les plages les plus à risque en Bretagne et la pression des épandages [5]. Par ailleurs, cette dynamique d’industrialisation de l’élevage va considérablement s’accroître avec l’adoption de la loi Duplomb qui modifie les seuils des installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation.

 

[1] Voir ‘Méga-porcherie de Landunvez : nous déposons un nouveau recours’, communiqué de presse du collectif “Stoppons l’extension”, 15/03/2023.
Greenpeace France a rejoint le recours en juin 2023, voir “Greenpeace rejoint la lutte juridique contre la ferme-usine Avel Vor à Landunvez”, communiqué de presse de Greenpeace France, 06/06/2023.

Le collectif “Stoppons l’extension d’Avel Vor” est composé de plusieurs associations : Eau et Rivières de Bretagne, AEPI (Avenir et Environnement en Pays d’Iroise), APPCL (Association pour la Protection et la Promotion de la Côte des Légendes) et Greenpeace France.

[2] Bien que ces résultats d’analyses ne portent pas sur la source des pollutions fécales de la plage, la densité des élevages industriels présents sur le territoire et l’intensité de leur pratique d’épandage (qui ont eu lieu pendant la période de prélèvements, en avril) contribuent très probablement, et de manière conséquente, à la pollution bactériologique retrouvée en aval.
Voir Finistère : la santé des baigneurs mise en danger par des pollutions alarmantes, l’élevage industriel dans le viseur, communiqué de presse de Greenpeace France, 16/05/2025.

[3] Voir https://www.intramuros.org/landunvez/actualites/-50156
Voir “À Landunvez, le déclassement de la plage de Penfoul confirmé par l’ARS”, article de Le Télégramme, 10/12/2025.

[4] Voir “Élevage industriel : Greenpeace exige un moratoire sur les fermes-usines”, communiqué de presse de Greenpeace France, 16/05/2023.
[5] Voir le site La Belle plage, classement 2025 : www.labelleplage.fr