Marées noires : Greenpeace ferme 50 stations services à Londres

Climat

Paris, le 27 juillet 2010 – Alors que BP a annoncé ce matin une perte de 13 milliards d’euros sur les trois derniers mois et le remplacement du PDG Tony Hayward par Robert Dudley, Greenpeace a coupé ce matin l’approvisionnement en pétrole de 46 stations BP dans le centre de Londres, pour exiger de la société qu’elle aille effectivement « au-delà du pétrole ».

Les stations BP fermées pour « aller au-delà du pétrole »
Ce matin, les militants de Greenpeace ont coupé l’alimentation en pétrole de près de 50 stations BP dans le centre de Londres. Sur l’une de ces stations, le logo de l’entreprise a été remplacé par son emblème, une fleur stylisée verte, se couchant dans un océan de pétrole.

« Greenpeace veut ainsi demander au nouveau PDG, Robert Dudley, qu’il oriente enfin, dans les faits, la stratégie de BP (« Beyond Petroleum ») vers l’après-pétrole », souligne Anne Valette, chargée de campagne climat à Greenpeace France. « Rappelons qu’au large de la Louisiane, 11 travailleurs ont été tués, 700 millions de litres de pétrole se seraient déversés, 6,5 millions de dispersants hautement toxiques ont été répandus dans l’océan. Le Golfe du Mexique, ses habitants, sa faune et sa flore paient un tribut bien plus lourd que BP à la marée noire ».

Tirer les leçons de l’irresponsabilité des pétroliers
Cela fait plus de trois mois que la plateforme Deepwater Horizon détruit l’environnement, et si la fuite est, pour le moment, stoppée grâce à une solution provisoire, le problème n’est toujours pas définitivement réglé. Cette marée noire devrait servir d’avertissement, pour pousser les industriels et les pouvoirs publics à repenser une politique énergétique d’avenir. Or, aucune orientation décisive en matière de production énergétique n’est prise. On parle de renforcer les règles de sécurité sur les plateformes, mais c’est insuffisant : tous les acteurs admettent que le risque zéro n’existe pas. Les pétroliers, à la poursuite de cette ressource de plus en plus rare, vont chercher l’or noir toujours plus profond, plus cher, et prennent toujours plus de risques pour l’extraire.

« Les grandes compagnies du pétrole investissent ainsi massivement dans les sables bitumineux du Canada, s’engagent dans des projets de forages très profonds en mer, par exemple dans le Golfe de Guinée » détaille Anne Valette. « Elles ont toutes les yeux rivés sur l’Arctique, qui contiendrait 13 % des réserves mondiales de pétrole non exploitées. Les pétroliers se voilent la face, ils iront pomper l’or noir jusqu’à la dernière goutte, sans penser au lendemain. »

Une seule solution : sortir du pétrole
Selon les scientifiques, pour arriver à contenir la hausse des températures en dessous des deux degrés, nous devons utiliser moins d’un quart des réserves fossiles prouvées d’ici à 2050. Ce sont les réserves extractibles dans les conditions techniques et économiques actuelles. Sortir des énergies fossiles et polluantes est une question de vision stratégique de long terme : l’évolution vers les énergies vertes est inévitable. Anticiper cette évolution serait faire preuve d’une réelle vision stratégique. Et il ne s’agit pas uniquement de défendre la cause environnementale et climatique, il est aussi question d’intérêts financiers.

« Greenpeace demande l’arrêt immédiat des projets pétroliers non-conventionnels à hauts risques : off-shore profond, sables bitumineux, et forage sous l’Arctique. » explique Anne Valette. « Les gouvernements doivent eux aussi prendre part à la nécessaire révolution énergétique, en favorisant le développement des énergies vertes, et en arrêtant les subventions à l’extraction des énergies fossiles. »