Les autorités françaises interdisent au bateau de Greenpeace d’accéder à la Conférence des Nations unies sur l’océan, à Nice
En représailles contre Greenpeace, les autorités françaises ont interdit l’accès du navire Arctic Sunrise de Greenpeace International au port de Nice, où se déroulent le « One Ocean Science Congress » et la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC). Cette décision fait suite à la mise en évidence par Greenpeace France des failles des aires marines protégées françaises, lors d’une action menée à bord de l’Arctic Sunrise le mois dernier en Méditerranée.
Greenpeace International va adresser une lettre de plainte officielle aux Nations unies, déplorant le comportement du gouvernement français alors que la participation de la société civile est un élément clé de la réussite de cette conférence.
L’Arctic Sunrise avait été invité par le ministère français des Affaires étrangères à participer au « One Ocean Science Congress », ainsi qu’à la parade maritime inaugurale “Oceans Wonders” qui se déroulera dimanche prochain avant l’ouverture de l’UNOC. Greenpeace International avait l’intention de transmettre aux responsables politiques présents sur place le message des quelque trois millions de personnes dans le monde qui ont signé la pétition pour l’instauration d’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. Il y a quelques jours, Greenpeace France s’est vu notifier par l’organisateur de la parade qu’elle était finalement persona non grata. Les autorités françaises ont ensuite confirmé officiellement, sans toutefois donner plus de détails, que l’accès de l’Arctic Sunrise au port de Nice était interdit.
« La tentative des autorités françaises de faire taire les critiques à l’approche de la conférence des Nations unies sur l’océan relève clairement d’une décision politique et est tout à fait inacceptable, a déclaré Mads Christensen, directeur général de Greenpeace International. Greenpeace et ses navires œuvrent pacifiquement à la protection des océans depuis plus de 50 ans. Nous sommes punis pour avoir mis en évidence l’incapacité du gouvernement français à protéger correctement ses aires marines protégées, dans lesquelles le chalutage de fond est toujours autorisé.
Sur la scène internationale de l’UNOC, le gouvernement français veut apparaître comme le sauveur des océans et cherche ainsi à faire taire toute critique sur ses échecs dans ses eaux nationales. Nous ne nous laisserons pas réduire au silence. Nous pensons que les voix des trois millions de personnes qui réclament l’arrêt de l’exploitation minière en eaux profondes doivent être entendues à Nice. Greenpeace et le gouvernement français partagent d’ailleurs le même objectif d’obtenir un moratoire international sur l’exploitation minière en eaux profondes – ce qui rend l’interdiction de l’Arctic Sunrise à Nice encore plus absurde ».
Des millions de personnes à travers le monde ont rejoint la campagne de Greenpeace pour empêcher le démarrage de l’exploitation minière en eaux profondes. En 2023, l’équipage de l’Arctic Sunrise s’est mobilisé en mer pour dénoncer la menace que représente cette industrie, protestant pacifiquement contre l’entreprise canadienne The Metals Company. Il y a quelques semaines, cette même entreprise a publiquement été accusée de « piraterie environnementale » par le gouvernement français, alors qu’elle venait de contourner le droit international en demandant un permis d’exploitation au gouvernement Trump.
La présence à Nice de l’Arctic Sunrise coïnciderait avec le 40e anniversaire de l’attentat du Rainbow Warrior perpétré par les services secrets français à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Le photographe et compagnon de Greenpeace Fernando Pereira avait trouvé la mort lors de cette attaque. Deux mois plus tôt, le Rainbow Warrior avait évacué les victimes des essais nucléaires américains sur l’atoll de Rongelap et se préparait à s’opposer aux essais nucléaires français sur l’atoll de Moruroa.
Suite à la première demande de licence d’exploitation minière en eaux profondes déposée par The Metals Company aux États-Unis, Greenpeace estime que le moment est venu de résister et d’empêcher le démarrage de cette industrie. La conférence des Nations unies sur l’océan sera un moment clé pour renforcer le soutien en faveur du moratoire avant la prochaine réunion de l’Autorité internationale des fonds marins, en juillet prochain.
Notes :
- L’Arctic Sunrise est également un symbole de résistance face à la répression du mouvement écologiste, puisque les 30 membres d’équipage de ce navire avaient été arrêtés à l’automne 2013 par les forces spéciales russes pour avoir tenté de manifester en mer contre les dangers climatiques et environnementaux des forages de Gazprom dans l’Arctique. Les « Arctic 30 » avaient passé plus de deux mois en prison avant que Vladimir Poutine ne cède face à une mobilisation internationale massive.
- Les autorités françaises ont pris des mesures de rétorsion à l’encontre de Greenpeace France et de Greenpeace International.