La Socfin publie enfin une politique Zéro Déforestation

Forêts

Après une première annonce en juillet dernier, la Socfin a enfin publié le 5 décembre une politique de « Gestion responsable » [1] pour ses plantations de palmiers à huile et d’hévéas. Le document comporte des engagements Zéro Déforestation ambitieux basés sur la méthodologie « High Carbone Stock » (HCS) [2] mais ses impacts ne seront effectifs qu’après la publication d’un plan d’action précis.

La méthodologie HCS devient la norme pour lutter contre la déforestation

Près d’un an après le lancement de la campagne de Greenpeace, des dizaines de milliers d’hectares de forêts tropicales détenus par la Socfin, une des principales entreprises de plantations sur le continent africain, pourraient échapper à la destruction si l’entreprise matérialise les engagements pris dans sa nouvelle politique.

«La politique de la Socfin reprend les éléments clés que l’on attend d’une politique Zéro Déforestation : préservation des zones forestières et des tourbières, ainsi que l’exigence du consentement libre, préalable et informé des populations locales. Mais seule sa mise en œuvre sur le terrain nous convaincra de l’engagement réel de l’entreprise. Nous attendons un plan d’action solide, garantissant une application complète et sans retard de cette nouvelle politique», rappelle Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne pour Greenpeace France.

La Socfin devrait maintenant entreprendre un processus de cartographie participative de ses concessions. L’entreprise doit identifier avec les communautés locales les terres utilisées par les riverains, ainsi que les forêts et toutes les zones à conserver qui ne pourront être converties en plantations.

La Socfin s’est également engagée à ne pas développer ses activités tant que ces procédures ne seront pas finalisées et publiques, et tant qu’il restera des conflits avec les communautés locales. Greenpeace restera particulièrement vigilante sur le respect de ce moratoire.

Cartographie et respect des droits humains : la Socfin devra faire preuve de transparence

La transparence de la Socfin sur cette mise en œuvre (publication des cartes, des rapports d’avancement…) sera cruciale pour évaluer les progrès en la matière et déterminer si cette politique constitue un réel changement de cap pour l’entreprise.

«Le chemin ne fait que commencer pour la Socfin. L’entreprise fait aujourd’hui face à de nombreux conflits sociaux auxquels elle doit répondre en engageant un dialogue ouvert et en respectant strictement tous les accords de résolution», ajoute Anne-Sophie Simpere.

Près de 100 000 personnes ont signé une pétition de Greenpeace demandant l’adoption d’une politique Zéro Déforestation par la Socfin au groupe Bolloré, un de ses principaux actionnaires.

La Socfin, qui possède plus de 180 000 hectares de plantations en Afrique et en Asie, rejoint ainsi les géants de l’huile de palme en Asie du Sud-Est qui se sont déjà engagés suite à la pression de la société civile, notamment de Greenpeace.

Depuis février, Greenpeace a publié les résultats de plusieurs investigations menées en République démocratique du Congo, à Sao Tomé-et-Principe, au Cameroun et au Liberia, démontrant que les concessions de la Socfin incluaient des forêts primaires, mais aussi des forêts secondaires stockant d’importantes quantités de carbone, rendant nécessaire l’adoption d’une politique Zéro Déforestation par la société.

Notes aux journalistes :

[1] http://www.socfin.com/Files/media/News/2016-12-05-Socfin-Politique-de-gestion-responsable.pdf

[2] La méthodologie HCS, mise en œuvre depuis 2011 dans le secteur de l’huile de palme, est un outil destiné à guider les entreprises de plantations dans la mise en œuvre de leurs engagements Zéro Déforestation. L’objectif est d’identifier les zones forestières qui doivent absolument être protégées : celles stockant une quantité importante de carbone (qui serait rejetée dans l’atmosphère si elles étaient converties en plantations) ou abritant une biodiversité animale et végétale importante.

L’Approche HCS est conçue pour être utilisée en parallèle et intégrée à d’autres stratégies d’aménagement du territoire et de conservation. Celles-ci incluent le Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) des communautés concernées et la protection des tourbières, des zones tampon des cours d’eau, des zones HVC, et des zones culturellement ou économiquement importantes pour les communautés locales et peuples indigènes. Il convient de noter que dans sa mise en œuvre, la méthodologie HCS est conçue pour prendre en compte les variations locales de conditions et de types de forêts.