Greenpeace ferme la porte au convoi de déchets nucléaires

Climat

Pierrelatte, le 16 février 2010 – Ce matin, à 8h30, trois activistes de Greenpeace se sont enchaînés au portail de l’usine du Tricastin dans la Drôme. A quelques mètres de là quatre activistes se sont fixés à un cône en béton lui-même accroché à la voie ferrée. Leur objectif : empêcher le départ d’un train chargé de déchets nucléaires français, bloqué à quelques mètres de là, de l’autre coté de la grille. D’ici à mercredi le convoi était censé traverser toute la France pour arriver au port de Cherbourg. Là le Kapitan Kuroptev, navire appartenant à une compagnie russe, devrait être chargé avec les déchets avant de prendre la direction de Saint-Pétersbourg.

« Après être intervenu plusieurs fois en fin de parcours à Cherbourg lors du dernier convoi, nous montrons cette fois notre détermination dés le départ du train, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de Greenpeace. Il faut que ces exportations cessent, nous demandons aux pouvoirs publics d’imposer un moratoire immédiat sur ces convois honteux ! »

Des pirouettes pour justifier ces exportations
Areva et EDF jouent sur les mots pour justifier ces exportations. Ces convois ne seraient pas autoriser si les matières exportées étaient qualifiées de déchets.

Mais les industriels français ont trouvés une parade : ces matières ne seraient pas des déchets car elles seront peut-être réutilisables un jour. Dans les faits, ce sont des milliers de tonnes d’uranium appauvri qui s’entassent en Russie et qui ne seront jamais enrichies. Dans un rapport publié en décembre dernier par Greenpeace les chiffres sont accablants : depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportées vers la Russie alors que seules 3090 tonnes d’uranium font le chemin inverse…

« EDF et Areva ne peuvent pas dire la vérité à propos des déchets, dit Yannick Rousselet. Pour eux, être sincère reviendrait à montrer que l’industrie nucléaire n’est pas une industrie propre et qu’ils sont bien impuissants face aux déchets. »

La grande arnaque du recyclage
Areva martèle partout que les déchets nucléaires sont recyclables à 96%.
Une fois coupé et dissout, le combustible irradié se divise en trois catégories : environ 95 % d’uranium, 1 % de plutonium et 4 % de déchets ultimes. Aujourd’hui seule une partie du plutonium est effectivement réutilisée pour produire un nouveau combustible, baptisé le Mox . Les 4 % de déchets ultimes sont vitrifiés et stockés.

Restent donc la majeure partie : l’uranium de retraitement, qui représente 95 % du résultat du retraitement. C’est cette matière qu’Areva et EDF exportent en Russie.

« On est très très loin du chiffre annoncé par les industriels sur le retraitement des déchets nucléaires, indique Yannick Rousselet. La quantité astronomique de déchets envoyés par la France en Russie en est la meilleure preuve. »

Une mobilisation sans faille
Greenpeace est mobilisée depuis longtemps pour arrêter ces exportations qui ont démarrées dans les années 1970. La première interpellation date de 1984. Cette année Greenpeace est intervenue à trois reprises à Cherbourg le 24 janvier.

« Nous sommes suffisamment déterminés pour ne laisser passer aucun convoi, ajoute Yannick Rousselet. Les responsables politiques doivent prendre leurs responsabilités et imposer un moratoire tout de suite. »

Greenpeace mobilise le grand public pour obtenir un moratoire de la part de Jean-Louis Boorlo en proposant de lui écrire une lettre : Le Ministre a ainsi déjà reçu plus de 5600 lettres.