Clôture de l’UNOC : « Les belles paroles doivent maintenant se traduire en actes » 

La Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC-3) s’achève aujourd’hui avec un bilan mitigé. Des progrès significatifs vers la ratification du Traité sur la haute mer y ont eu lieu. Une fois ratifié, ce traité sera l’instrument juridique unique permettant de créer des zones protégées dans les eaux internationales, ce qui en fera un élément fondamental pour la protection de 30 % des océans d’ici à 2030. Une déclaration forte sur un nouveau traité sur les plastiques a également été signée par 95 gouvernements.

Cependant, la stagnation des ambitions françaises sur ses propres aires marines protégées (AMP) laisse un goût amer. « La France, pays hôte de la conférence, avait une opportunité historique de montrer l’exemple. Mais aucune annonce concrète n’a été faite sur l’extension ou le renforcement de ses aires marines protégées, en particulier sur le sujet du chalutage de fond, qui a été central lors de cette conférence. A l’inverse, le Royaume-Uni ou encore le Danemark vont interdire cette technique de pêche destructrice dans 50% de leurs AMP. Une occasion ratée pour E. Macron qui se pose en champion des océans », déclare François Chartier, chargé de campagne océans chez Greenpeace France.

L’exploitation minière en eaux profondes a également été au cœur des débats, démontrant l’urgence de s’opposer à cette industrie. La société civile et un large groupe d’États, dont les deux co-organisateurs de l’UNOC, attendaient des gouvernements qu’ils progressent vers l’interdiction de l’exploitation minière en eaux profondes à Nice. Alors que quatre nouveaux pays ont apporté leur soutien à un moratoire sur cette industrie, portant le total à 37, la pression monte en vue de la réunion cruciale de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) en juillet à Kingston.

« La ratification du Traité sur la haute mer est à portée de main, mais les progrès réalisés ici à Nice semblent encore bien limités alors que cette Conférence des Nations unies sur l’océan se termine sans engagements plus tangibles contre l’exploitation minière en eaux profondes, continue François Chartier. Nous avons entendu beaucoup de belles paroles ici à Nice, mais elles doivent maintenant se traduire par des actions concrètes. Les pays doivent faire preuve de courage, défendre la coopération internationale et écrire l’histoire en interdisant l’exploitation minière des grands fonds marins cette année. La France doit se montrer à la hauteur de ses discours et mobiliser activement la communauté internationale pour obtenir un moratoire. Le temps des demi-mesures est révolu. »

Face à l’alliance entre l’entreprise canadienne The Metals Company et le président américain Donald Trump pour exploiter les fonds marins, la réunion de l’AIFM à venir offre un espace où les gouvernements doivent s’unir pour adopter ce moratoire.

« Cette semaine à Nice n’est qu’une étape. Mais sans cap clair ni décisions courageuses, l’avenir de l’océan reste en suspens. Heureusement, la société civile, les scientifiques et certains États comme Palau ont rappelé avec force que l’océan a des alliés », conclut François Chartier.