Climat : une convention citoyenne bridée par le gouvernement

Cet après-midi, le Premier ministre Edouard Philippe a introduit la première session de la convention citoyenne pour le climat. Au-delà des belles paroles dont le gouvernement est coutumier, Greenpeace France regrette que le mandat de cette convention n’ait pas été actualisé au regard des déclarations d’Emmanuel Macron à la tribune des Nations Unies les 23 et 24 septembre.

Il y a moins de deux semaines, le Président de la République française soutenait à l’ONU un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030. Or, la convention citoyenne qui s’ouvre aujourd’hui devra plancher sur des mesures visant une diminution de 40% des gaz à effet de serre à la même échéance, comme l’a réaffirmé le Premier ministre.

« Où est la cohérence ? Le discours d’Emmanuel Macron à New York n’était-il qu’un exercice facile pour briller sur la scène internationale, sans aucune conséquence sur nos politiques publiques ? » interroge Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France.

Le mandat de cette convention citoyenne est d’autant plus incertain que le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a d’ores et déjà enterré une augmentation du prix du pétrole d’ici la fin du quinquennat, un levier qui devait pourtant être au coeur des débats. Avant même le début des discussions de la convention, le gouvernement prive ainsi les citoyennes et citoyens d’un outil majeur pour une transition écologique socialement juste : la contribution climat solidaire, soutenue par les associations depuis des mois. Cette contribution consiste à accompagner toute taxe carbone d’un mécanisme de redistribution sociale pour ne pas pénaliser les ménages les moins aisés.

Le lancement de cette convention ne doit pas faire oublier l’inaction continuelle du gouvernement. Après le vote définitif d’une loi énergie climat sans ambition, le projet de loi de finances 2020, présenté la semaine dernière, reconduit presque entièrement les 11 milliards de niches fiscales bénéficiant aux énergies fossiles, telles que l’absence de taxe sur le kérosène des avions.

« Les citoyens et citoyennes qui participent à la convention pour le climat doivent s’affranchir des limites imposées par le gouvernement, sans quoi leurs propositions ne seront pas à la hauteur de l’urgence climatique. C’est d’un changement radical de politique dont nous avons besoin pour éviter la catastrophe : nous comptons sur ces citoyennes et citoyens pour avoir le courage que les responsables politiques n’ont pas », appelle Clément Sénéchal.