[ACTION BUSINESS IS BUSINESS] Plus de 60h de privation de liberté : des mesures judiciaires disproportionnées
Deux activistes de Greenpeace France sont toujours privés de liberté, plus de 60h après leur interpellation lundi 2 juin, suite à l’action « Business is Business » où Greenpeace France a emprunté temporairement la statue de cire d’Emmanuel Macron au musée Grévin avant de l’amener devant l’ambassade de Russie, puis de la déposer devant le siège d’EDF mardi 3 juin en fin de journée. Selon Maître Marie Dosé, avocate des deux militant·es, ces privations de liberté depuis maintenant plus de 60h sont « parfaitement disproportionnées ».
Deux activistes de Greenpeace France, une femme et un homme, sont toujours privés de liberté, plus de 60h après leur interpellation lundi 2 juin. Ils ont passé trois nuits en cellule, deux dans un commissariat du 9ème arrondissement de Paris et une au dépôt du Tribunal judiciaire de Paris. Hier, vers 16h30, ils ont été transférés au tribunal pour être mis en examen par un juge d’instruction.
Maître Marie Dosé, avocate des deux militant·es, dénonce une situation « parfaitement disproportionnée », précisant que « toutes les infractions ont pris fin avec la remise de la statue : le vol comme le recel aggravés retenus par le parquet. Et aucun préjudice ne découle de l’action non-violente menée par Greenpeace France. Il suffit de regarder la communication amusée du musée Grévin pour s’en convaincre. Alors quoi ? Quel est l’intérêt pour la justice de criminaliser cette action ? Pourquoi ouvrir une information judiciaire ? »
Une répression inquiétante pour Greenpeace France
Les deux activistes ont passé trois nuits en cellule, deux en garde à vue et une au Tribunal judiciaire de Paris. Leurs conditions de détention sont qualifiées de déplorables par leur avocate : « Attachés pendant des heures à des bancs, trimballés de commissariat en commissariat ». L’une a passé la nuit sans couverture et n’a pas pu s’allonger car sa cellule était trop petite. L’autre a dû dormir au sol car sa cellule contenait trop de personnes.
Ce traitement est inquiétant pour des activistes de Greenpeace et pose la question du glissement dangereux de la réponse pénale face aux actions de désobéissance civile, alors même que celles-ci relèvent du droit à la liberté d’expression et que l’action en question, totalement non-violente et à visage découvert, visait à alerter sur un sujet d’intérêt général majeur.
Ces derniers jours, d’autres militants de l’organisation ont été perquisitionnés et ont passé plus de 20h en garde à vue pour des graffitis à la craie. En outre, en réaction à une action de Greenpeace France dénonçant les lacunes des aires marines protégées françaises, les autorités ont interdit au navire Arctic Sunrise d’accoster à Nice, où se tient la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC), une décision politique également inacceptable que Greenpeace France conteste.
Une action non-violente, sans préjudice, sur un sujet d’intérêt général
L’action du 2 juin dénonçait la poursuite des relations commerciales entre des entreprises françaises, entre autres EDF et sa filiale Framatome, et la Russie, en matière d’uranium et de technologies nucléaires à double usage. Malgré la guerre en Ukraine, et le positionnement très fort de soutien à l’Ukraine du chef de l’Etat, ce commerce contribue indirectement à alimenter la machine de guerre du Kremlin.
La statue de cire a été restituée, en parfait état, au musée Grévin. Ce dernier s’est d’ailleurs exprimé avec humour et compréhension sur les réseaux sociaux, et devrait même retirer sa plainte, a appris Greenpeace France par la presse, en fin de journée hier. Aucun dommage matériel, ni préjudice d’image n’est donc à déplorer. La statue a d’ailleurs retrouvé hier sa place dans le musée.
Un message clair : faire taire les lanceurs d’alerte
La réponse judiciaire extrêmement sévère à cette action pacifique révèle une volonté de dissuasion. « Cette outrance dans la réponse pénale signe encore une fois une déviance, celle d’une procédure judiciaire qui vise avant tout à dissuader les militants d’agir en toute conscience et de façon non violente. Et c’est aussi regrettable qu’inquiétant », conclut Maître Dosé, avocate des activistes actuellement privés de liberté.
Comme le permet le code de procédure pénale, des député·es se sont rendus au dépôt du tribunal hier soir, alerté·es par les conditions dégradantes dans lesquelles ils ont été maintenus depuis lundi 2 juin.
Aujourd’hui, à 10h30, proches et représentant·es de Greenpeace seront présents devant le tribunal, pour accueillir les activistes à la sortie de leur audition.