Accord UE-Mercosur : c’est non, sous aucune condition

Agriculture, Forêts

Greenpeace France s’est mobilisée ce matin pour appeler Emmanuel Macron à rejeter entièrement et sans condition l’accord avec le Mercosur et à faire le travail diplomatique nécessaire pour que ce texte soit bloqué au niveau européen. Le président, qui reste ambigu dans son positionnement, répète son souhait de négocier des clauses qui apporteraient selon lui quelques garanties à l’agriculture française. Pour autant, ces clauses, quelles qu’elles soient, ne serviraient qu’à mieux faire avaler la pilule d’un accord qui, de toute façon, menace directement la souveraineté alimentaire et le climat.

© Robin Jehl / Greenpeace

Pour Clément Helary, chargé de campagne Forêts chez Greenpeace France : « Avec ou sans les clauses qu’Emmanuel Macron veut obtenir, cet accord porterait un coup direct à l’agriculture paysanne, ainsi qu’à la souveraineté alimentaire. Il favoriserait les importations de viande bovine et de soja vers l’Europe, ce qui accroîtrait la pression de l’agro-industrie sur les territoires des peuples autochtones et accélérerait la destruction des écosystèmes, notamment en Amazonie. Or, la déforestation est une source majeure d’émissions de CO₂, incompatible avec les objectifs climatiques de l’Union européenne. Ce positionnement ambigu est particulièrement déplacé alors que se déroule en ce moment la COP30 au Brésil. »

Il y a moins d’un an au Salon de l’Agriculture, Emmanuel Macron se disait opposé à l’accord. Puis cet été, prêt à signer. La semaine dernière, il s’est montré plutôt en soutien de l’accord, après des échanges avec ses homologues argentin et brésilien, pour finalement, ce mercredi, opposer un non ferme au texte en l’état.

Se voulant être d’une consistance à toute épreuve, le président de la République axe sa position autour trois conditions (clauses de sauvegarde, mesures miroirs et contrôles aux frontières), censées apporter des gages à l’agriculture française. Pourtant, qu’il reste en l’état ou qu’il soit assorti de clauses, l’accord avec le Mercosur reste profondément dévastateur pour la paysannerie, la santé des consommateurs, les écosystèmes et le climat. Il favorise l’usage de pesticides exportés depuis l’Union européenne, dont certains sont ici interdits d’usage, et constitue une menace pour la forêt Amazonienne et les droits des peuples autochtones, qui subissent déjà la pression d’une agro-industrie que l’accord viendrait renforcer.

Greenpeace France exhorte donc Emmanuel Macron à non seulement voter contre l’accord, quelle que soit sa version, lors du Conseil européen qui réunira les chefs d’Etat le 19 décembre prochain à Bruxelles, mais aussi à user de tous les ressorts diplomatiques nécessaires pour que l’Europe rejette l’accord avec le Mercosur.